« L'ambulancier d'urgence est le précurseur des soins intégrés »

Frank Vandenbroucke est ministre des Affaires sociales et de la Santé publique depuis 2020. Au cours de ces quatre années au pouvoir, des mesures importantes ont été prises, tant sur le plan financier pour le secteur de l'Aide Médicale d'Urgence (AMU), que pour garantir et augmenter la qualité pour les soignants et les demandeurs de soins. Sa motivation ? « Les soins de santé sont importants et les soins urgents en font partie intégrante. »

La qualité des soins est souvent sous-estimée, estime le ministre Vandenbroucke. Des signaux inquiétants remontent du terrain : la qualité n'est pas toujours garantie, les services sont en difficulté financière et la gestion du personnel est parfois hallucinante. « Notre ambition est d'offrir une qualité supérieure à tous. Si vous voulez offrir de bons soins de santé, vous devez également veiller à ce que votre personnel de santé soit bien traité. Or, c'est là que les choses se dégradent dans le domaine de la médecine d'urgence. Un changement radical s'impose », a déclaré le ministre Vandenbroucke. « De ce fait pourquoi j'ai obtenu, lors des négociations budgétaires de l'année dernière, que le financement de ce domaine soit plus que triplé en trois ans. À partir de 2025, l'enveloppe annuelle sera de 239 millions d'euros. En 2022, elle était de 77 millions d'euros. Cette mesure est sans précédent, et elle est tout à fait nécessaire. »

Qualité et organisation

Cet investissement supplémentaire est conséquent et nécessaire. Toutefois le gouvernement fédéral ne le fait pas sans obligation. Davantage de moyens devrait se traduire par davantage de qualité, une approche ciblée et une bonne répartition de l'aide urgente sur l'ensemble du territoire. « Ce refinancement est un plan de sauvetage financier lié, d'une part, à des exigences de qualité en matière de prestation de services et, d'autre part, à une réforme en profondeur », explique le ministre. « Pour assurer la qualité, nous voulons travailler sur une décision de certification des services ambulanciers de l'AMU. Cela nécessitera un cadre basé sur des exigences en matière de reconnaissance. Nous travaillerons avec des indicateurs autour de la structure des services, de leur fonctionnement, des résultats que nous attendons, etc. Nous travaillons également sur un mécanisme de contrôle afin que la qualité des différents acteurs s'améliore. La réforme en profondeur se situe au niveau de la programmation des services, de la réglementation, du financement et du déploiement de l'Équipe d'Intervention Préhospitalière (EIP). »

Le ministre Vandenbroucke a également exprimé son respect pour la fonction des ambulanciers d'urgence. « J'ai déjà eu l'occasion de les accompagner et j'ai été touché par leur engagement, leur service et leur professionnalisme dans des circonstances souvent difficiles et imprévisibles. Ils sont en contact avec les gens à un moment où ils sont vulnérables et désemparés. La profession est le précurseur de ce que nous envisageons avec les soins intégrés. Ils constituent une antenne essentielle pour travailler avec les hôpitaux, les médecins, les infirmières, les zones d'urgence, les centres 112, la police, le patient, les passants et la famille inquiète. Leur rôle multiforme est important et ce plan de sauvetage financier peut les renforcer. »

Répartition des pouvoirs

Il faut penser à long terme, même en médecine d'urgence. La mise en œuvre de ce programme de sauvetage d'ici à 2025 est un grand pas. Cela ne signifie pas pour autant que tous les problèmes seront résolus. « Je veux donner à l'Aide Médicale Urgente une place bien définie et appropriée dans le paysage des soins de santé. Et ce, également en ce qui concerne les tâches confiées aujourd'hui aux États Fédérés. Je vois des possibilités de conclure de meilleurs accords avec ceux-ci, et nous le ferons également lors de la conférence interministérielle, au moyen d'un protocole de coopération sur les transports intermédiaires. En transformant les ambulances qui assurent normalement le transport non urgent de patients en transport de patients urgents, vous renforcez votre capacité et vos possibilités d'extension. »

Un autre exemple où le ministre Vandenbroucke estime que la coopération entre les États est possible est la discussion, qui n'est pas si facile, sur l'organisation des cabinets de médecins généralistes en dehors des heures de travail : « Nous prévoyons un investissement important pour que l'organisation puisse s'étendre. Concrètement, nous passons de 23 millions d'euros en 2019 à 70 millions d'euros en 2025. » La demande de Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu, d'un dispatching médical unique pour le 112, le 1733 et le transport non urgent de patients, s'inscrit dans ce contexte. C'est un exemple de complémentarité au bénéfice du patient. Et le ministre y tient. « Avec ces ressources supplémentaires, je veux déployer le 1733 en complément du 112. Les citoyens pourront ainsi contacter le 1733 s'ils pensent avoir besoin d'un médecin généraliste. Si le service d'appui juge qu'une aide urgente est nécessaire, le 112 pourra être envoyé et vice versa. L'extension de cette intégration aux transports urgent et non urgent de patients crée une valeur ajoutée supplémentaire. De cette manière, chaque demandeur de soins est soigné et, avec le temps, vous créez une coopération parfaite entre les services. Cette coopération est importante pour les citoyens, mais également pour la santé publique et les prestataires de soins de santé. Des efforts importants sont encore nécessaires pour y parvenir. Au cours des deux prochaines années, de nombreux travaux sont prévus pour préparer un paysage des soins de santé qui sera considérablement amélioré vers 2029. »

Préparer le paysage des soins de santé

Depuis la sixième réforme de l'État, le transport médical est extrêmement fragmenté entre différents pouvoirs. « Cela signifie que je dois ramer avec les rames dont je dispose, même si elles sont parfois étroitement liées les unes aux autres. Le secteur de la santé psychiatrique est confronté à des problèmes similaires à cet égard. En travaillant ensemble au-delà des partis, des juridictions et des États, je veux faire le meilleur choix possible pour les citoyens. Pour ce faire, nous devons relever certains défis à court terme. Tout d'abord, il y a le coût. Le transport non urgent de patients coûte de l'argent. Il s'agit d'une responsabilité flamande, et mes pouvoirs sont limités à cet égard. Ce que j'ai pu faire, c'est indexer l'allocation fédérale pour les patients atteints de cancer et de maladies rénales. Cela n'avait pas été fait depuis des décennies. Deuxièmement, je travaille à une solution pour les transports interhospitaliers coûteux. À partir de 2024, cela devrait coûter moins cher aux patients. Un montant de 13,5 millions d'euros a été débloqué à cet effet. Enfin, je veux continuer à soutenir les réseaux d'hôpitaux avec une EIP pour le transport interhospitalier. Ces trois étapes intermédiaires devraient conduire à la perspective plus large d'une Aide Médicale Urgente de qualité, toujours prête et professionnelle, dans un paysage intégré du transport médical où les tâches sont clairement réparties et où les considérations financières ne poussent pas les patients à passer d'une solution à l'autre. »

Le ministre Vandenbroucke conclut : « Pour moi, la santé publique passe avant tout. De ce fait, nous continuons à financer des choses qui appartiennent en réalité aux États Fédéraux. Nous ne devons pas abandonner les acteurs sur le terrain. Cela ne veut pas dire que les Étants ne doivent pas prendre leurs responsabilités et faire leur travail. Il s'agit du financement et du coût des transports non urgents de patients, mais également de la formation. Au niveau fédéral, nous contribuons en réfléchissant à la définition des profils professionnels. Il existe des recommandations à ce sujet, élaborées notamment par le Conseil Fédéral de l'Aide Médicale Urgente. Celles-ci indiquent que cinq professions préhospitalières sont nécessaires dans la loi relative à l’exercice des professions de soins de santé. Le gouvernement précédent n'avait inscrit dans la loi que le métier d'ambulancier pour le transport non urgent de patients comme profession paramédicale. Actuellement, ce n'est pas une priorité. Même si cet avis de 2017 soit très précieux. Nous devons donc continuer à travailler sur ce point au niveau fédéral et j'espère que les États commenceront ensuite à travailler sur l'aspect de la formation et de l'éducation. »


Un transport de patients de qualité, maillon essentiel de la chaîne de soins

Lors de la crise du COVID-19, Dirk Ramaekers a dirigé le groupe de travail sur la vaccination. À partir du 1er octobre 2022 il a présidé le comité exécutif du SPF Santé publique. Fort de son expertise en matière de politique de santé et de qualité des soins, il est la personne adéquate pour encadrer les évolutions actuelles et sa vision réfléchie sur le transport des patients. Avec une politique de qualité transparente au premier plan, soutenue par une formation solide.

La pandémie de COVID-19 a été riche d’enseignements pour notre société. Une mortalité élevée et une pression sans précédent sur le secteur des soins de santé constituent les points négatifs du bilan. Mais il y a aussi des points positifs. « La Belgique, comme le reste de l’Europe, n’était pas prête à affronter la covid, mais elle a montré qu’une bonne coopération entre le niveau fédéral et les régions était la clé du succès », déclare le Prof. Dr. Dirk Ramaekers. « Avec le Commissariat Corona, dirigé par Pedro Facon, ainsi que la gestion de crise et l’aide médicale d’urgence au sein du SPF, nous avons rassemblé beaucoup d’expertise et la coopération avec les autorités régionales s’est généralement très bien déroulée. La prise de décision politique s’est faite sur deux niveaux. D’une part, le comité de consultation des chefs de gouvernement et, d’autre part, la conférence interministérielle sur la santé publique. Huit ministres y siègent, ce qui donne lieu à une structure complexe, à des débats plus importants et à des discussions plus longues. Au cours de la covid, l’essence de cette crise sanitaire était au premier plan et les ministres se sont rapprochés les uns des autres. Plus encore, ils se sont complétés pour parvenir à une décision équilibrée. Cette situation a créé un climat de confiance. Je travaille toujours de manière plutôt rationnelle et sur la base d’éléments concrets, mais la confiance est la base d’une bonne coopération. Au niveau national, européen et mondial. D’ailleurs, selon l’Organisation mondiale de la santé, la confiance est un paramètre crucial pour un système de santé performant.

Abordabilité vs. accessibilité

Selon Dirk Ramaekers, les soins de santé et la politique doivent rester sur la même longueur d’onde. « D’un point de vue politique, l’accessibilité financière des soins de santé restera un défi. Les soins de santé représentent près de 11 pour cent de notre produit national brut. La sécurité sociale couvre la plupart des coûts, mais il existe aussi des assurances complémentaires, copaiements et des suppléments, ce qui indique que le paquet de base est sous pression », explique-t-il. « On peut se demander si certaines interventions chirurgicales, les produits de luxe lors d’une visite à l’hôpital, etc. devraient faire partie de ce paquet. Le fait est qu’il existe une tension entre le caractère abordable et l’accessibilité des soins. »

En ce qui concerne le caractère abordable et l’accessibilité, nous passons sans transition au secteur et à la question du transport des patients. Selon Dirk Ramaekers, il s’agit d’un monde fascinant et passionnant dans lequel beaucoup de choses bougent. « Je vois beaucoup de gens motivés, avec un esprit d’entreprise qu’il faut laisser grandir. Mais cela doit se faire dans le respect des règles de qualité et de contenu qui s’appliquent aux soins de santé. Le secteur du transport de patients n’est pas encore suffisamment autorégulé. Il faut tenir compte des intérêts des patients, d’une part, et de la viabilité de l’entreprise, d’autre part. Et puis, il y a la question des coûts. De quoi alimenter de longs débats. Les délocalisations vers et depuis les établissements de soins de santé sont tout simplement nécessaires. Cette situation ne changera pas de sitôt et va même se renforcer. »

Stimuler la recherche

Belgambu préconise depuis longtemps de considérer le transport des patients comme un maillon à part entière de la chaîne des soins de santé et comme une valeur ajoutée plutôt que comme un problème logistique. Le patient est toujours au centre de ce type de service. Dirk Ramaekers partage cet avis : « On peut toujours tomber malade ou être victime d’un accident. Mais je suis convaincu que pour garantir un service de qualité, une bonne formation et une formation continuelle des ambulanciers sont nécessaires. Pour moi, ce n’est pas le niveau de formation qui est le plus important, mais le fait de pouvoir évaluer correctement l’état d’un patient et de savoir quels sont les principes de base que l’on peut ou pas appliquer. Vous faites de grands progrès en matière de formation. Cela prouve que la persévérance l’emporte. La qualité n’est pas un mot à la mode, mais quelque chose qu’il faut rendre concret et mesurer. Et une politique de qualité exige une certaine systématique. Je constate par exemple que le travail fondé sur des données probantes gagne du terrain dans presque tous les secteurs, y compris celui du transport de patients. Nous pouvons, en effet, mettre en place des formations, mais que va-t-on enseigner aux participants ? La recherche sur les soins préhospitaliers en est encore à ses débuts, il y a donc encore beaucoup de pain sur la planche. »

Cependant, de nombreuses données sont disponibles, notamment en ce qui concerne le centre 112 et le transport non urgent de patients. Une bonne base de travail. « Selon la littérature, le délai critique pour intervenir en cas d’arrêt cardiaque est de cinq à dix minutes. Nous savons, grâce aux données et à la pratique, qu’un délai de 15 minutes ou plus est aussi encore possible. L’amélioration de la chaîne de soins nécessite davantage de recherche sur la façon de procéder. Le triage a longtemps été un point aveugle, alors qu’il s’agit d’une profession à part entière, qui requiert formation et expérience. Il suffit de penser à l’utilisation inappropriée des services d’urgence. C’est une bonne chose de pouvoir se rendre facilement aux urgences, mais cette situation entraine un risque de surcharge : les soins urgents se retrouvent délaissés. Il s’agit de trouver un équilibre entre l’aide au patient et le bien-être du personnel, ainsi que de fournir les soins appropriés au bon endroit. Cette situation nous amène à la question de la capacité et à celle de savoir si chaque hôpital a encore besoin d’un service d’urgence spécialisé, capable de tout faire. L’évolution vers des centres de traumatologie pourrait partiellement apporter une solution à ce problème. »

Tendances actuelles

Aujourd’hui – en partie à cause du conflit en Ukraine – l’accent est mis sur une mise à jour d’une bonne politique CBRN (un incident CBRN est une situation d’urgence impliquant la libération de substances chimiques, biologiques, radiologiques ou nucléaires) et sur la préparation correspondante. Le SPF Santé publique, le centre national de crise, la défense, l’AFCN, etc. travaillent ensemble à cet effet. De fait, si une telle catastrophe survient, le système doit agir immédiatement et les centres experts d’accueil et de décontamination doivent être prêts. Il en va de même pour les centres de secours.

Cette situation rappelle le premier patient covid dont le transport a suivi le protocole Ebola. « Pour la covid, il s’est passé beaucoup de temps avant que quelque chose de grave ne se produise. Nous nous sentions en sécurité et nous étions loin d’imaginer que quelque chose de grave pouvait se produire », explique Dirk. « Nous nous sommes vite retrouvés débordés et nous avons constaté que le secteur des soins de santé n’était pas prêt dans ce domaine. Ce processus d’apprentissage implique de nombreux domaines d’amélioration, qui sont aujourd’hui abordés. Nous devons désormais conserver certains principes. Comme les équipements de protection individuelle, qui doivent être tenus à jour et utilisés par exemple en cas des infections pour se protéger et prévenir la transmission. Il en va de même pour l’hygiène des mains. La qualité de base n’est ni complexe ni difficile lorsqu’elle est liée à un système de qualité avec des audits et un retour d’information, ainsi qu’à une culture d’approche et de coaching. L’importance de l’approche no blame doit être au cœur de cette démarche. Nous sommes humains et il nous arrive donc d’oublier des choses. Mais prenez le temps de vous asseoir ensemble pour discuter des bonnes pratiques. Les pratiques fondées sur des données probantes et la qualité sont l’essence même du travail d’équipe.

Une chaîne de soins étendue et solidaire

Pour Dirk Ramaekers, le contenu de la formation et une politique de qualité transparente sont plus importants que le nombre d’heures de formation données à une personne. Cette attitude critique et ouverte est déjà partiellement présente dans le secteur des soins de santé, mais la discussion doit être éloignée de la sphère financière et économique. « Il faut parfois ouvrir le débat, l’élargir et l’aborder sous un angle différent. Dans ce contexte, des efforts distincts sont déployés pour créer des ressources financières supplémentaires pour l’aide urgente ainsi que pour le transport de patients. Aujourd’hui et demain », explique-t-il. « Les investissements nécessaires doivent être réalisés sur une base raisonnée. Les divergences entre les secteurs s’aplanissent donc progressivement. Ce qui apporte un nouveau souffle au personnel qui veut faire bouger les choses. En ce qui me concerne, la distinction entre le transport urgent et non urgent de patients est quelque peu virtuelle. Les soins doivent se renforcer mutuellement. Il devrait y avoir de meilleurs échanges entre les soins urgents et les soins préhospitaliers, mais aussi une meilleure vision de la direction que nous souhaitons donner au secteur. Étant donné qu’il y a de petits acteurs et des organisations plus importantes, l’expansion est-elle peut-être appropriée et rentable ? Vous êtes un élément essentiel de la chaîne des soins de santé. Il est difficile de quantifier ces éléments, mais je vois certainement des opportunités au vu des indicateurs de qualité et de la satisfaction des patients. Et, bien sûr, une concertation professionnelle. Dans notre système de cogestion, ça fait bouger les choses. »


La Belgique continue d'innover avec la plate-forme de communication ASTRID

À la fin des années 1990, le centre d’urgence belge disposait d’une solution complète avec ASTRID : des appels d’urgence aux communications radio entre les secouristes sur le terrain. Un cas unique au monde. Depuis lors, ASTRID a servi de modèle à de nombreux autres pays pour cette solution intégrée. En continuant à innover le réseau radio et les deux types de centres d’appels d’urgence (101 & 112), ASTRID vise à continuer à répondre aux attentes des utilisateurs et à l’évolution technologique. Entretien avec le CEO Salvator Vella.

« En tant que petit pays, nous avons réalisé des choses impressionnantes il y a vingt ans », déclare Salvator Vella. « Cette idée originale de regrouper la gestion des salles de contrôle et le système de communication radio des services d’urgence et de sécurité sous un même toit a inspiré d’autres pays du monde entier. Pas plus tard qu’en 2021, le deuxième plus grand aéroport de Chine (Chengdu Tianfu International Airport) a lancé son nouveau centre de contrôle avec un réseau TETRA basé sur la même idée que celle lancée par ASTRID il y a plus de 20 ans. Nous pouvons être fiers de ce travail de pionnier et nous souhaitons conserver ce statut de précurseur. C’est pourquoi nous continuerons à innover dans les années à venir. En effet, beaucoup de choses ont changé au cours des dernières décennies, tant dans la salle de contrôle que sur le terrain. »

Alors que lors du lancement d’ASTRID, l’accent était mis sur la communication vocale, la richesse des données est le défi de l’information de l’avenir. La communication vocale ne disparaîtra pas, mais d’autres flux de données ajouteront une grande valeur à la communication d’urgence. Vella ajoute : « Je pense aux dispositifs portables, à la vidéo, à la photo, aux drones, aux visualisations sur le terrain, etc.. Ils renforceront vraiment l’échange d’informations entre le poste de commandement, l’hôpital et/ou l’ambulance, entre autres. Des paramètres de transmission pour un dossier à jour à l’arrivée à l’hôpital ? Ce n’est pas si loin qu’on le pense. Même s’il faut pour cela revoir toute la chaîne d’information. Le passage de TETRA à la 5G est crucial pour les services d’urgence et de sécurité. Le plan d’investissement est prêt. Il n’attend plus que le feu vert des politiques. Nous sommes donc loin d’être inactifs. »

Une communication fiable en temps de crise

Les inondations de juillet 2021 ont une nouvelle fois démontré qu’après deux décennies, ASTRID est toujours un point d’ancrage là où les communications sont compliquées ailleurs. De nombreux endroits ont été frappés par des pannes d’électricité et le réseau commercial n’était pas disponible. Heureusement, ASTRID s’appuie sur son propre réseau de 600 pylônes. Ceux-ci, grâce à leurs batteries puissantes, ont au moins 8 heures d’autonomie en cas de coupure de courant, voire 24 heures dans les endroits cruciaux. L’ASTRID Service Centre (ASC) est accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 et dispose d’un réseau de sous-traitants qui fournissent des générateurs dans un délai convenu. « Le rôle de l’ASC ne s’arrête pas là », souligne le CEO. « En situation de crise, l’ASC a un accès direct à la direction et aux personnes clés de l’organisation pour prendre en charge la communication de crise, par exemple la communication et le statut des principales parties prenantes sur le terrain. Tout est mis en œuvre pour que les experts et les techniciens puissent travailler de manière optimale. L’objectif d’ASTRID est de maintenir à tout moment la disponibilité des services d’urgence et de sécurité, même dans des conditions extrêmes, tant sur le plan de l’infrastructure que de l’organisation ».

Pour se connecter au réseau robuste, les secouristes disposent de leur propre carte SIM Blue Light Mobile. Sur l’infrastructure du réseau Proximus, ils sont prioritaires, si nécessaire, et ont la possibilité d’utiliser cette carte SIM pour accéder manuellement aux autres opérateurs télécoms belges afin d’assurer la communication à tout moment. Lorsque des clients sont « refusés » pour assurer une bande passante aux secouristes, on parle de préemption. Dans des situations extrêmes, comme les attentats de Bruxelles, même les utilisateurs ordinaires peuvent être complètement exclus du pylône afin de libérer de l’espace pour les services d’urgence et de sécurité. « Aujourd’hui, environ 12 000 utilisateurs disposent d’une telle carte SIM Blue Light Mobile », explique Vella. « Il s’agit notamment des forces de police, des services ambulanciers, mais aussi des gestionnaires de crise tels que les ministres, les gouverneurs provinciaux, les juges d’instruction, etc. ». Une belle illustration du sens de l’innovation d’ASTRID et de sa vision réfléchie de l’avenir.

Une approche unique pour la 5G

Avec le passage à la 5G, ASTRID se montre une fois de plus comme une organisation avant-gardiste. D’autres pays, comme le Royaume-Uni et la France, fonctionnent entièrement sur une infrastructure commerciale. ASTRID dispose de son propre réseau comme d’un atout et s’appuie fermement sur celui-ci. « Nous croyons en la puissance de la 5G pour le partage de données riches », déclare Vella. « Avec l’application 112 que nous avons co-développée, nous offrons déjà de nombreuses possibilités. Par exemple, la salle de contrôle reçoit une localisation exacte de l’incident, l’utilisateur peut discuter, indiquer s’il est sourd, etc.. En collaboration avec la police, une alerte de harcèlement est même disponible pour les victimes via bluetooth. Mais la nouvelle technologie offre des possibilités indéniables d’améliorer encore les interventions d’urgence. Permettre au citoyen qui lance un appel d’urgence d’envoyer une photo à la salle de contrôle peut ainsi constituer une étape importante. »

Quel est l’avenir d’ASTRID dans un monde de 5G ? « Nous devons évoluer vers une salle de contrôle modulaire, avec une plateforme qui intègre des modules développés par des tiers. Interpréter une image avec l’IA ? Ce sera bientôt possible si cela dépend de nous. Il s’agit d’un squelette avec des capacités plug-and-play. Nous souhaitons donner forme à cette philosophie informatique moderne dans les années à venir, afin que chaque soignant tire le meilleur parti de notre plateforme et gère lui-même ses données.  ASTRID est une bouée de sauvetage pour les services d’urgence et de sécurité, et nous souhaitons continuer à jouer ce rôle à l’avenir.


« Un événement est un lieu de catastrophe où la catastrophe n'a pas encore eu lieu »

Le médecin urgentiste responsable de l’assistance à l’événement

La demande de secourisme événementiel augmente. Pour une organisation efficace et qualitative, il est nécessaire de disposer d’un cadre législatif clair. « Une qualification professionnelle est désormais en place. Nous nous efforçons à présent de créer une profession de soins pour les secouristes », souligne Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu. À cet égard, le point de vue et l’expérience d’un médecin urgentiste valent leur pesant d’or.

Le secourisme événementiel et la médecine d’urgence partagent des points communs évidents. Tant sur le terrain, où les organisateurs demandent souvent à un médecin urgentiste de diriger volontairement le dispositif médical, que dans les services d’urgence des hôpitaux voisins. Dans ces services d’urgence très sollicités, les événements peuvent augmenter l’afflux de patients et la gravité des soins. « C’est pourquoi nous devons être vigilants quant à la qualité des soins d’urgence pour tous et partout. Lors d’un grand événement, un habitant situé à deux rues de l’hôpital peut tout aussi bien avoir besoin de soins urgents. Il mérite lui aussi des soins appropriés. » La parole est au Dr Michiel Stiers, médecin urgentiste en formation, attaché à la KU Leuven, avec un engagement majeur au sein de BeCEP, l’association professionnelle belge des médecins urgentistes. « Le secourisme événementiel est l’extension de nos connaissances médicales et de nos tâches de gestion, tant aux urgences qu’en pré-hospitalier avec le MUG ou en cas de catastrophe. La nouvelle qualification et formation des médecins urgentistes fait que nous, jeunes médecins, sommes surqualifiés pour les événements. Sans cadre réglementaire, il n’est pas possible d’organiser ce secourisme événementiel de manière sûre et efficace. Aujourd’hui, il y a donc trop de prestataires, certains insuffisamment qualifiés, et le patient risque de recevoir une aide inadaptée ».

Mise à jour urgente de PRIMA

Cependant, un travail de fond a déjà été réalisé en Belgique. Le SPF Santé publique donne déjà des conseils sur les besoins d’un poste de secours médical adapté à l’événement par le biais du questionnaire PRIMA (Plan Risques et Manifestation). L’analyse de risque initiale et l’émergence de PRIMA sont aujourd’hui dépassées. Entre autres, elle ne tient pas compte de l’émergence et de l’expertise de la discipline de la médecine d’urgence. Cette évolution vers une prise en charge spécialisée et de qualité en urgence et dans l’aide médicale urgente (AMU) doit se poursuivre en secourisme événementiel. « La discipline de la médecine d’urgence a certainement une valeur ajoutée lors d’événements majeurs », estime le Prof Dr Pascal Vanelderen, président de BeCEP. « Toutefois, nous devons veiller à ne pas nous surréglementer. Nous contribuons à un cadre clair pour l’organisation du secourisme événementiel, avec des qualifications et des rôles clairs pour les différents profils. Le mieux est de procéder par étapes, afin que nous puissions également assumer et remplir notre rôle dans le cadre de cette transition.

« La position que nous occuperons en tant que médecins urgentistes jouera un rôle essentiel à cet égard », explique le docteur Pieter Jan Van Asbroeck, médecin urgentiste et collègue du professeur Pascal Vanelderen à l’hôpital Ziekenhuis Oost-Limburg. « En tant qu’urgentistes, nous ne faisons pas la différence en nous contentant degérer la salle d’urgence, mais en fournissant les ressources adéquates et les soins appropriés. Notre force réside précisément dans notre vision globale à la fois sur le plan médical, opérationnel et de la gestion. En tant que directeur de l’assistance médicale (Dir-Med), nous pouvons évaluer correctement les besoins médicaux à tout moment. Cette vue d’ensemble nous permet de réagir rapidement et de garantir des soins de qualité. Dans des scénarios de catastrophe, en cas de traumatisme grave ou pour traiter une pathologie sévère. Si le rôle important d’un Dir-Med est assumé par des non-médecins, nous perdons cette vue d’ensemble. Cette situation est pernicieuse pour la qualité des soins. »

Vers une réglementation à gradations ?

Pour les médecins urgentistes eux-mêmes, l’enjeu principal est de placer les bons profils au bon endroit et au bon poste. Un futur cadre législatif nécessite une stratification afin de choisir la disposition appropriée en fonction du type d’événement et des facteurs de risque tels que le nombre de visiteurs, le lieu, les attentes éventuelles en termes de consommation de drogues ou de risque de calamités, etc. « Nous devons travailler sur une définition claire des rôles et des profils pour le secourisme événementiel. Il nous semble logique de placer un médecin urgentiste sur le siège du conducteur, mais encore faut-il trouver les bons candidats. Le service des urgences fonctionne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, et le secourisme événementiel doit fonctionner en parallèle », déclare le professeur Vanelderen. Pascal Vanelderen.

En tant que médecin urgentiste en formation, le docteur Michiel Stiers, médecin urgentiste en formation, souhaite contribuer à la régularisation de ce secourisme événementiel. « Notre secteur est en pleine transition. Nous devons profiter de cet élan au sein du secourisme événementiel pour poursuivre cette transition.
Le plus important est et reste que le patient reçoive à tout moment les meilleurs soins et les soins les mieux appropriés, et c’est précisément pour cela qu’un cadre juridique est si crucial. »

Un état d’esprit différent

En outre, un changement de mentalité s’impose parmi les organisateurs d’événements. Alors que les budgets consacrés à la sécurité sont généreux, on s’attend souvent à ce que le secourisme événementiel soit assurée par des bénévoles. « Nos réalisations restent souvent dans l’ombre. Si quelqu’un introduit de la drogue ou si des fauteurs de troubles se déchaînent parce que la sécurité est insuffisante, les médias s’en font l’écho. Or, si quelqu’un est victime d’une crise cardiaque sur le site et que les secours viennent de l’extérieur au lieu de passer par le poste médical du site, cet incident n’apparaîtra même pas dans la marge du journal. Pourtant, des soignants qui réagissent sur place de manière appropriée lors d’un évènement peuvent faire toute la différence », souligne le Dr Pieter Jan Van Asbroeck.

« L’impact de la sécurité se remarque immédiatement, alors que nous travaillons plutôt discrètement dans les coulisses, ce qui crée une appréciation différente», ajoute le Dr Michiel Stiers. « En se concentrant sur des soins durables et viables sur place, l’événement s’inscrit parfaitement dans le paysage changeant des soins de santé. Aujourd’hui, nous parlons d’une perfusion de soins, et il est difficile de faire peser une charge supplémentaire sur le système de santé si l’on n’est pas bien guidé. Le retour sur investissement du secourisme événementiel ne se limite pas à l’achat de boissons et de nourriture par le festivalier rafistolé sur place. Il s’agit de l’assurance d’une prise en charge optimale pendant l’événement et de la préservation de cette prise en charge malgré l’événement… C’est ainsi que nous transformons le secourisme événementiel en quelque chose de positif, qui sera ensuite, espérons-le, associé aux ressources adéquates. Le médecin urgentiste est le chef d’orchestre qui fait en sorte que toutes les parties prenantes travaillent ensemble de la meilleure façon possible.


« Le transport pour dialyse fait partie des soins, il n’est pas un problème de mobilité »

Des milliers de patients dialysés doivent se rendre à l’hôpital trois fois par semaine pour leur traitement. Beaucoup d’entre eux dépendent des autres pour se déplacer et doivent donc faire appel à une organisation de transport. L’organisation de ces trajets est un défi majeur, ce qui ressort également des scores de satisfaction de ces patients concernant leur transport. «Cela peut et doit être amélioré», y consentent NBVN, GNFB, les organisations professionnelles des néphrologues, et Belgambu.

En tant qu’organisation professionnelle et défenseur des intérêts des patients, la Nederlandstalige Belgische Vereniging voor Nefrologie (le groupement des néphrologues néerlandophones de Belgique) (NBVN) a pu mieux comprendre l’expérience des patients dialysés au cours de leur parcours de soins avec le Moniteur de Patients Dialysés 2021. Il en a ressorti une bonne satisfaction générale. Cependant, les évaluations des patients concernant les temps d’attente et le transport étaient bien pires. C’est donc le bon moment afin de collaborer avec Belgambu et travailler activement sur ce point d’attention. «Ce transport est une partie importante des soins», souligne Jean-Marc Desmet, president du Groupement des Néphrologues Francophones de Belgique (GNFB), l’homologue francophone de NBVN. «Malheureusement, aujourd’hui, il est souvent vu comme un problème supplémentaire en plus de la maladie et de la dialyse, tant sur le plan financier qu’organisationnel. Une vision et une approche uniformes des différentes  utualités feraient déjà une différence.»

Un puzzle complexe avec une flexibilité insuffisante

En Flandre, les trajets des patients dialysés sont répartis en pourcentage entre les différents organisations de transport via Mutas et i-mens. En Wallonie, ce sont principalement, les mutualités, les transporteurs privés et certains centre hospitalier eux-mêmes qui assurent les transports des patients dialysés qui en ont besoin. Pourtant problème dans les deux régions du pays est principalement un manque de flexibilité et trop d’arbitraire. Gert Meeus, président du NBVN: «Après un traitement lourd, les patients dialysés doivent souvent attendre longtemps avant d’être transportés. De plus, le transporteur de patients emmène souvent plusieurs patients et la répartition des trajets est rarement optimisée. Par conséquent, lors du transport des patients, les gens parcourent de nombreux kilomètres et le patient dialysé passe beaucoup plus de temps que necessaire et souhaitable dans le véhicule. Une meilleure organisation de ce transport indispensable améliorerait sans aucun doute immédiatement la qualité des soins.»

Les questions au ministre compétent pour s’y mettre restent pour l’instant sans réponse. Cependant, quelques pistes de réflexion ont été rapidement trouvées. «Les systèmes hybrids peuvent offrir une valeur ajoutée», suggère Kenneth Arkesteyn, le président de Belgambu. «En fonction de l’état et des besoins de soins du patient dialysé individuel, on peut opter pour le mode de transportation qui convient le mieux: soit il s’agit du transport de patients (transport avec ambulancier transport non urgent de patients), soit il s’agit du transport de passagers (taxi). De cette façon, nous déployons la capacité de façon intelligente et optimale. De plus, nous soutenons toujours l’idée d’une  épartition intelligente. Le projet FEDER a prouvé le potentiel de ce système à Limbourg pour le transport de patients en général et certainement aussi pour les maladies chroniques, telles que les maladies rénales. Les trajets sont ensuite revus en permanence via un système de dispatching central et replanifiés si nécessaire ou souhaitable. Malheureusement, le projet pilote a été annulé et pour le moment rien n’est plus fait avec cette idée. D’après nous, une occasion manquée.»

Selon les néphrologues, Mutas devrait collaborer avec les centres de dialyse pour rendre cet aspect du parcours de soins plus agréable. En outre, cela a à nouveau un impact positif sur la dialyse elle-même. Parfois, les patients arrivent trop tard et la planification entière du centre est chamboulé. Ou un patient ne peut même pas du tout se rendre à son rendez-vous. Et cela est bien sûr négatif pour la santé. «Nous devons nous efforcer d’avoir un plan de transport pour chaque centre de dialyse, adapté aux patients et à leur état de santé», explique Gert Meeus. «Nous sommes heureux de mettre la main à la pâte, avec Belgambu. Mutas peut alors le poursuivre afin d’optimiser la distribution de ses trajets.»

Groupe important de maladies chroniques 

Évidemment, chaque patient mérite un transport de qualité et le plus agréable possible. Pour les malades chroniques, cependant, il est encore plus important car ils doivent faire appel à ce service si fréquemment. «Malheureusement, les patients dialysés reçoivent peu d’attention, par rapport, par exemple, aux diabétiques ou aux patients oncologiques», déclarent Desmet et Meeus. «Le groupe des patients dialysés est moins important en nombre, mais il représente tout de même un groupe de 8000 personnes gravement malades dans notre pays. Ils dépendent de leur transport pour leur survie. En outre, le nombre de patients dialysés continue d’augmenter chaque année. Cela ne fait qu’accroître la nécessité d’améliorer l’organisation d’un transport de dialyse de qualité.»

Le but est d’obtenir un transport de dialyse abordable et de haute qualité. La dialyse ne s’arrête pas lorsque l’aiguille est retiré du bras du patient. «Il commence et se termine à la porte du patient», souligne Gert Meeus. «Il faut éviter des soucis financiers supplémentaires en plus du traitement à cause du transport de patients. La maladie chronique entraîne de pauvreté et la pauvreté entraîne de maladie chronique. Nous devons briser ce cycle ensemble.»


Lettre conjointe attend une réponse

Suite à l’enquête de satisfaction et au problème de transport, NBVN et GNFB ont écrit une lettre conjointe à la ministre flamande de la santé Crevits, également signé par le Vlaams Patiëntenplatform et Belgambu. La question était claire: passer à l’action. Les associations professionnelles espèrent une réponse positive. “En attendant, nous ne nous reposerons pas sur nos lauriers”, disent les présidents avec conviction. “Nous sommes heureux d’unir nos forces avec Belgambu pour présenter des propositions de manière proactive.”


Améliorer les soins d'urgence avec les premiers intervenants médicaux

De nombreux pays voisins s’y sont déjà mis et, en Belgique aussi, la possibilité d’avoir recours à des secouristes médicaux pour des interventions urgentes est désormais sur la table. Le professeur Marc Sabbe de l’UZ Leuven a dirigé une étude d’un an. Sa conclusion est claire : « Les premiers intervenants ont certainement leur valeur ajoutée, mais il y a encore de sérieux obstacles à surmonter. »

En Belgique, il s’écoule en moyenne 10 à 12 minutes entre l’appel au centre 112 et l’arrivée des services d’urgence sur les lieux. Pour les incidents où le temps est compté, une intervention rapide fait toute la différence. Nous nous efforçons donc de trouver des moyens abordables pour réduire ce temps d’intervention. Dans cet exercice de réflexion, le gouvernement fédéral a découvert le concept de medical first responders. Dans ce cadre, les gens s’inscrivent comme volontaires, reçoivent une formation et sont ensuite susceptibles d’être les premiers à intervenir sur les lieux d’un incident survenu dans leur voisinage immédiat. Professeur Marc Sabbe : « Cette mesure devrait permettre de commencer une intervention au bout de deux minutes environ, en attendant les services d’urgence. Dans les cas d’arrêt cardiaque, de traumatisme cérébral, d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque ou d’insuffisance respiratoire, ce gain de temps est crucial. »

Comment ça marche ?

Toute personne qui le souhaite peut s’inscrire ; le niveau d’entrée est très bas. Par exemple, on peut s’inscrire pour trouver le DEA le plus proche et l’apporter aux secouristes qui s’occupent de la victime. Pour les jeunes, le rôle de « runner » est intéressant, par exemple. L’étape suivante est la formation à la réanimation à l’aide du DEA. Tous ces volontaires entrent dans une base de données comprenant leur numéro de téléphone. Le 112 peut alors appeler tous les premiers intervenants disponibles en cas d’incident survenu dans un rayon de 300 mètres.

Toute personne qui reçoit une notification répond, qu’elle soit disponible ou non. La première personne disponible obtient la localisation et les informations sur l’incident, afin d’intervenir le plus rapidement possible. « Quand on sait qu’il y a 10 000 à 12 000 arrêts cardiaques par an en Belgique, on comprend vite tout le potentiel des secouristes médicaux », explique le professeur. Sabbe. « Dans notre rapport de projet, nous souhaitons également souligner les avantages potentiels de cette initiative pour d’autres incidents pour lesquels une intervention rapide est capitale. Quitte à mettre un tel système en place, autant l’étendre. Nous avons donc soumis cette suggestion au cabinet du ministre Vandenbroucke. »

Un secouriste médical ne se contente pas de commencer les premiers soins, il aide en même temps à évaluer la gravité de l’incident. C’est pourquoi une bonne interaction avec le centre d’urgence est cruciale. En posant des questions ciblées au premier intervenant, l’opérateur cartographie l’incident. Si un incident s’avère moins grave que prévu, le SMUR n’aura peut-être pas besoin d’intervenir. Une utilisation efficace et ciblée des ressources – en plus du gain de temps – constitue un deuxième avantage direct si ce système est introduit en Belgique. Ainsi, la technologie moderne permet d’améliorer la qualité des soins.

Obstacles et projets pilotes

L’équipe de recherche de l’UZ Leuven est convaincue du potentiel de cette initiative et est certaine que les premiers intervenants médicaux renforceront les soins d’urgence belges. Il y a cependant encore quelques obstacles à surmonter. Par exemple, le cadre juridique, la formation que doivent recevoir ces volontaires, le choix de la technologie, le financement et la communication pour attirer les volontaires doivent être soigneusement étudiés. « Le seuil zéro est politique », souligne M. Sabbe. « Nous avons d’abord besoin d’une volonté politique, avant de pouvoir travailler sur les autres niveaux. Nous attendons donc avec impatience de connaître la réaction du ministre Vandenbroucke à notre rapport. »

Sabbe propose également à son équipe d’approfondir l’analyse d’une multitude de données et d’en tirer des enseignements précieux. Où peut-on gagner le plus de temps lors des interventions ? La réponse à cette question indique immédiatement à quels endroits les projets pilotes seraient les plus utiles. Ou comment déterminer exactement quels premiers intervenants de la région recevront la notification ? Un rayon autour de l’incident ne constitue peut-être pas une norme idéale, notamment en présence de ponts-levis ou lorsque la circulation est dense.

Un projet charnière pour le dispatching médical ?

Si le gouvernement souhaite que le medical first responder soit pleinement déployé dans la pratique, il doit d’abord réfléchir à la technologie utilisée. Aujourd’hui, le 112 travaille avec ASTRID, la technologie utilisée par les services de police et d’incendie. Pour tirer pleinement parti des technologies modernes, il peut être nécessaire de recourir à une répartition purement médicale. « La transmission d’un signal provenant d’un bracelet de cheville est complètement différente de la surveillance à distance d’un ECG. Les wearables (médicaux) offrent de nombreuses possibilités, à condition de les anticiper et de faire les bons choix dès maintenant. Je crois en l’avenir d’un hôpital sans murs. Les technologies modernes, telles que ces wearables, permettront une récupération maximale dans l’environnement de son propre domicile ou dans un hôtel de soins. Besoin de médicaments, d’un traitement ou d’un suivi ? Il faut alors faire des allers-retours vers un « centre d’activités ». Les hôpitaux disposant de nombreux lits sont désormais de l’histoire ancienne. Alors notre gouvernement ferait mieux d’investir dans les nouvelles technologies et de mettre en place un réseau de secouristes médicaux. »


Noël Slangen: « Se battre pour un secteur, c’est jouer les équilibristes »

Qui est responsable de l’organisation du transport de patients ? Comment contrôler la qualité et la maniabilité dans la pratique quotidienne ? Noël Slangen était autrefois un communicateur pur jus. Depuis quelques années, il travaille comme directeur général de POM Limburg et il ne mâche pas ses mots lorsqu’il est question des tenants et aboutissants du secteur. Cette manière de faire demande un regard critique sur la responsabilité politique et une vision tournée vers l’avenir.

Au cours des derniers mois, les tarifs excessivement bas pour le transport non urgent de patients et la difficulté de faire bouger les choses ont déjà fait couler beaucoup d’encre. La question clé est la suivante : qui prendra l’initiative et transformera les paroles en actes ? Une discussion que Noël Slangen a suivie avec attention. « Notre équipe en charge de la santé a été commissionée par le gouvernement flamand de gérer, avec toutes les parties prenantes, un projet européen visant à préparer une éventuelle numérisation de l’organisation du transport de patients. Belgambu et ses membres exercent une certaine influence dans ce dossier. Tant que les prestataires roulent à des prix trop bas, les mutuelles de santé et le gouvernement n’ont aucune raison de s’agiter. Pourtant, de nombreuses possibilités pourraient être exploitées. » Enfin, certains signes montrent que les mutualités souhaitent assumer leur responsabilité en la matière, estime Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu. « Les mutuelles de santé travaillent via un mandat gouvernemental et imposent leurs propres tarifs, tandis que les transporteurs de patients se retrouvent uniquement face à un choix binaire : participer ou non. Seule une poignée de transporteurs de patients ont le luxe de ne pas participer à ce mandat gouvernemental, ce qui fait que les mutualités travaillent en position de force. »

Cependant, des projets tels que le projet FEDER de POM Limburg, créent des opportunités. L’objectif initial de mettre en place un numéro général pour tous les transports de patients ne s’est pas avéré utile, une application flamande de mobilité intégrée étant désormais à l’ordre du jour. Pourtant, ces efforts n’ont certainement pas été vains, souligne M. Slangen. « Le projet a donné lieu à de nombreuses recommandations et idées et a remis les défis du transport de patients à l’ordre du jour politique. Le projet a montré que l’innovation ne peut jamais réduire suffisamment les coûts sans solidarité. Du moins, à court terme. »

La complexité politique et ses conséquences

Le transport de patients comporte de plus en plus souvent une composante urgente et une composante non urgente. De plus, les niveaux fédéral et régional sont tous deux compétents, ce qui complique les choses. En effet, le coût et les recettes d’un voyage ne se situent pas toujours au même niveau. « En outre, nos ressources se font tout simplement rares. Les soins de santé lourds sont les plus financés. Le transport de patients relève des soins de santé légers et il se retrouve donc perdant. »

« Le fait que les questions non urgentes aboutissent aussi de plus en plus souvent à un transport urgent de patients n’est pas une coïncidence », explique Noël Slangen. « Nous pouvons comparer cette situation à celle que connait le service des urgences. Les gens s’y rendent parce qu’il n’y a pas de bonnes alternatives disponibles. Tout comme dans les hôpitaux, beaucoup de choses sont à améliorer dans le domaine du transport de patients. Ces changements peuvent être faits de manière plus efficace et donner à toutes les parties prenantes plus d’espace pour respirer. »

Un nouveau ministre en poste

Dans sa quête d’une meilleure efficacité, de garanties de qualité et de budgets gérables, Belgambu a récemment gagné un nouveau point de contact politique. La ministre Hilde Crevits a succédé à Wouter Beke à ce poste. Ce changement offre de nouvelles possibilités de négociations constructives, qui, selon Belgambu, se sont heurtées à un mur sous le précédent ministre. « Essayez de réunir toutes les parties autour de la table dès le début », conseille Slangen. « En tant que ministre, si vous entendez les différents sons de cloches en même temps, vous pourrez vraiment comprendre où se situe le problème. Vous aurez ainsi une image complète et claire de la situation actuelle et des diverses contraintes. La nouvelle ministre de la Santé a beaucoup de sujets brûlants à gérer. En donnant des orientations claires aux solutions ou aux décisions, vous contribuerez sans aucun doute à mettre les choses en marche. C’est d’ailleurs la clé du succès pour tous les types de communication. »

Arkesteyn aime représenter la réalité dans le champ des groupes d’intérêt. Belgambu est une association professionnelle reconnue qui adopte une ligne de conduite modérée dans son discours et ses actions. Un autre groupe, plus radical, menace de poursuites judiciaires et fait des promesses irréalistes à ses partisans. « Certaines personnes ne nous entendent pas parce qu’elles accordent plus de crédit aux extrêmes », observe Kenneth. Slangen renchérit : « Défendre un secteur est toujours un exercice d’équilibre difficile. Vous souhaitez défendre les intérêts de vos membres, mais vous devez aussi être conscient des contraintes de vos partenaires, sinon vous n’obtiendrez aucun résultat. Toute négociation est aussi un compromis. Les membres des organisations ont souvent l’impression qu’ils doivent à chaque fois faire l’unanimité, mais ce n’est pas réaliste. Pour moi, c’est ce qui distingue un groupe d’intérêt comme Belgambu des groupes plus radicaux. Opteriez-vous plutôt pour un coq qui se bat ou pour une poule qui pond aussi des œufs ? Cette dernière option ne vous apportera que de vrais résultats. »


Qualité, continuité et accessibilité pour les patients

Elle a demandé publiquement à plusieurs reprises que l’on respecte davantage les secouristes et, lors de la crise du coronavirus, après avoir longuement consulté des experts et son service de planification d’urgence, elle a pris des décisions difficiles avec détermination et en toute connaissance de cause. La gouverneure provinciale anversoise Cathy Berx est une femme qui défend sa vision des choses et ses idées. Grâce à sa vision large du monde du travail et de la politique, elle a donné à Belgambu de nouvelles idées pour améliorer le transport de patients.

Nous observons des défaillances dans l’organisation et la structure des coûts du transport non urgent de patients. Belgambu met en évidence ces problèmes depuis des mois auprès des mutuelles de santé, du cabinet Beke et de tous ceux qui veulent l’entendre. La gouverneure provinciale Cathy Berx se joint à l’appel à l’action. « Sur le plan social, il est indispensable de penser à la qualité, à la continuité et à l’accessibilité du transport de patients, y compris pour les plus vulnérables », souligne M. Berx. « Personne ne choisit volontairement d’avoir recours à une entreprise de transport de patients. Les patients sous dialyse, en oncologie ou souffrant d’une maladie chronique ne devraient pas avoir à s’inquiéter des frais supplémentaires liés au transport médical non urgent auxquels ils sont régulièrement confrontés. D’ailleurs, de son point de vue, ce transport est nécessaire et donc urgent. »

Tolérance zéro concernant la violence

Les défis auxquels le secteur est confronté ne sont pas négligeables. Le financement est sous pression, il est difficile de trouver des employés motivés, sans parler des problèmes de circulation et d’agression. Ce dernier point est particulièrement pertinent dans une grande ville comme Anvers, et par extension dans toute la province. Pour vous donner un ordre d’idées, entre mars 2018 et juillet 2019, 140 cas de violence contre des professionnels de la santé ont été signalés dans la province d’Anvers. L’alcool ou les drogues jouent souvent un rôle dans les incidents d’agression verbale, voire physique.

Le président de Belgambu, Kenneth Arkesteyn explique : « Certains ambulanciers nous demandent même des gilets pare-balles/anticouteau ». Cathy Berx n’est pas favorable à cette idée. « Je dois avouer que cela me choque. J’ignorais qu’il y avait de telles demandes. À mon avis, le port de gilets pare-balles/anticouteau ne peut que conduire à une escalade de violence. En outre, il est illusoire de penser qu’il résoudrait le problème. L’agressivité doit être combattue à la base. Je pense notamment à une formation sur la manière de gérer les agressions verbales afin de désamorcer les conflits avant qu’ils ne débouchent sur une agression physique, mais aussi à une politique de suivi strict appliquant la tolérance zéro. En fait, je pense que les travailleurs des services d’urgence apprennent qu’ils ne peuvent pas intervenir et qu’ils n’interviennent pas lorsque la situation n’est pas suffisamment sûre. A fortiori lorsque le transport n’est pas urgent. Soit la personne concernée devra être suffisamment calme, soit elle devra rejoindre sa destination d’une autre manière. Kenneth est d’accord avec cette argumentation et ajoute qu’ « en principe, les prestataires de services d’urgence n’interviennent que si la situation est sûre. La création d’un environnement sûr incombe à d’autres personnes, comme la police. »

Transport partiel contre approche holistique

L’agressivité est un problème qui apparaît régulièrement dans les médias et qui est donc « bien connu ». D’autres défis, en revanche, sont moins visibles, comme celui de trouver du personnel motivé et en suffisance. Les services médicaux d’urgence (DGH) fonctionnent en grande partie grâce à des ambulanciers volontaires. M. Belgambu se demande si le gouvernement ne devrait pas débloquer des fonds pour indemniser les travailleurs qui travaillent à titre principal dans les services d’urgence.

Cette situation soulève inévitablement la question de savoir quel gouvernement doit décider et organiser cela. Aujourd’hui, tant le SPF Santé publique que l’Intérieur et les villes et communes financent l’aide médicale d’urgence. « Il y a des choses à dire sur ces différents pouvoirs », explique Berx. « Le transport des patients constitue souvent la première étape de chaque processus de soins. Il n’est pas rare que le processus de soins commence par un transport médical. La Santé Publique constitue donc un choix logique, étant entendu qu’elle est la mieux placée pour conclure des accords de services avec ses partenaires afin d’effectuer des transports médicaux de manière rentable en respectant des normes de qualité claires. Il est important de s’efforcer de créer des conditions de concurrence équitables, mais cela ne doit en aucun cas exclure les synergies possibles. Faut-il être aussi catégorique ? Je défends et continuerai de défendre l’adoption d’une approche multidisciplinaire ou interdisciplinaire. Celle-ci produit presque toujours une valeur ajoutée. Il existe une autre considération importante : faut-il diviser le transport de patients en types de services ou l’aborder de la manière la plus globale possible ?

Le taxi plus rapide que l’ambulance ?

Un patient « en forme » souffrant d’une maladie rénale qui se rend à sa dialyse en taxi se déplace sans problème dans la circulation grâce à la voie réservée aux taxis et aux bus. Cependant, un patient dialysé en mauvaise santé qui est transporté allongé dans une ambulance ne peut pas bénéficier de voie des taxis. Belgambu se bat pour instaurer un changement, afin que les transporteurs de patients puissent également emprunter cette voie. « Ce n’est pas une proposition illogique en soi », précise Cathy Berx. « Il semble presque contradictoire que les taxis assurant le transport payant de passagers indépendamment de l’état de santé de ces derniers aient plus d’avantages face au code de la route et dans la circulation qu’une ambulance effectuant un transport non urgent d’un patient vers un établissement de soins. Tant que le code de la route est respecté et que la sécurité est assurée, je ne vois pas pourquoi une uniformisation à cet égard ne serait pas possible. Un sujet à creuser. » À la question de Belgambu de savoir si la province d’Anvers, en tant que province progressiste, ne pourrait pas plaider en ce sens, éventuellement avec un projet pilote, Cathy Berx a répondu positivement. « Considérez cela comme un engagement de moyens, pas comme un engagement de résultat », conclut-elle.

Avec un exemple frappant de sa propre province, la gouverneure provinciale Berx étaye sa conviction que les services d’incendie constituent une valeur ajoutée absolue dans la chaîne de soins. Elle repense à l’effondrement d’un immeuble à Turnhout, où une femme a été sauvée de sous les décombres. Les pompiers et la D2 ont joué un rôle crucial dans cette opération de sauvetage. L’expérience paramédicale des pompiers, grâce notamment à leurs affectations et services dans le transport médical d’urgence, se révèle particulièrement utile. Pour garder cette expertise, ils doivent pouvoir continuer à jouer un rôle dans le transport médical (urgent). Kenneth Arkesteyn la soutient : « Le travail multidisciplinaire est déterminant. Peu importe qui l’organise. Nous devons travailler ensemble pour donner au patient la meilleure qualité de soins, chacun mettant à profit sa propre expertise. »

Le rôle d’une province

Enfin, le président de Belgambu se penche sur ce que la province elle-même peut faire pour le transport de patients. « Le gouvernement provincial n’a plus de compétences personnelles, souligne Cathy Berx, mais les aspects fonciers ont des points communs avec le transport des patients. La construction de nouvelles infrastructures cyclables, par exemple, améliore la santé de nos résidents, tout comme les investissements dans l’adoucissement et le développement des espaces verts. Et ce n’est pas tout. Il suffit de penser à la gestion de crise ou à la lutte contre l’agressivité. Notre institut de formation multidisciplinaire Campus Vesta, par exemple, est fortement engagé dans la gestion de la violence et des agressions. Les autorités provinciales y contribuent aussi indirectement.


Les mutuelles et les transporteurs de patients : des alliés reliés autour d’un objectif clair

« Le transport des patients est souvent traité en parent pauvre. Celui-ci est pourtant indispensable », explique Paul Callewaert, secrétaire général de l’Association nationale des mutuelles socialistes (NVSM). C’est pourquoi le dialogue entre les mutuelles de santé et les transporteurs de patients est crucial. Mais le gouvernement a également un rôle à jouer. Aussi bien en termes de qualité que d’accessibilité.

Paul Callewaert se montre très clair : « Le transport non urgent de patients n’est pas qu’un simple maillon de la chaîne de soins. Il intervient au début et à la fin de chaque traitement, tout en constituant un maillon intermédiaire. Il suffit de penser au transport intrahospitalier. Dans le transport urgent de patients (112), le transport est tout aussi important que l’intervention chirurgicale elle-même. Il est donc injustement traité en parent pauvre. » Néanmoins, le secrétaire général de l’Association nationale des mutuelles socialistes estime que nous sommes à l’aube d’un nouvel élan. Les critères d’organisation et de qualité dans le transport de patients vont prendre de l’importance, notamment en raison des centres de référence et des « hospitalisations à domicile ». Il est question de transporter le patient d’un point A à un point B sans courir de risque pour sa santé.

L’accès aux soins joue également un rôle. Celui-ci doit toujours être garanti et proposé au bon endroit et au bon moment. La réglementation inclut déjà les éléments fondamentaux que sont la sécurité, le confort, le bien-être, la transparence et l’intégrité physique et émotionnelle du bénéficiaire de soins. Cependant, les discussions portant sur l’aspect financier ne sont pas encore terminées. « Tout comme les discussions sur la qualité du service dans le transport non urgent des patients », ajoute M. Callewaert. « Il est logique que cela ait un coût. Au niveau des États, un travail important est réalisé pour trouver un équilibre entre la fixation d’exigences de qualité et le type de transport qui y est lié. La qualité ne doit pas seulement être assurée pendant le transport. Elle doit se manifester dès l’admission par le biais d’une communication claire et efficace avec le patient. Si, par exemple, un médecin demande une surveillance médicale, il est nécessaire d’instaurer une transparence au niveau des tarifs.

Accès aux soins et aux transports

Sur le plan financier, plusieurs problèmes sont à résoudre, notamment au niveau des États fédérés et donc au niveau du transport non urgent. En effet, le gouvernement flamand fixe des exigences de qualité, mais n’y associe aucun financement. « Ils fuient leurs responsabilités », déclare Paul. « La Flandre se comporte comme si le transport non urgent n’existait pas. Ce silence est irresponsable et insupportable. Chacun doit faire sa part, en servant toujours l’intérêt du patient. Les prix doivent être justes afin de pouvoir garantir tout type de transport. Pour ce faire, nous devons examiner la correspondance entre l’estimation des coûts et les ressources financières disponibles. Celles-ci sont-elles suffisantes ? La Flandre fait l’autruche et refile toujours la patate chaude aux mutuelles de santé alors que celles-ci sont à bout. La bonne porte à laquelle frapper reste quelque peu fermée. Si le gouvernement flamand prenait ses responsabilités, une partie du problème serait déjà résolue.

Kenneth fait à nouveau référence (voir aussi Bam #1) à la nécessité d’une solidarité sociale dans le transport non urgent des patients. Il faut d’abord rendre les coûts transparents, avant de discuter des tarifs et d’enfin réfléchir à la manière de garantir l’accessibilité du service aux patients. Jusqu’à présent, les choses fonctionnaient dans l’autre sens. « Même si le transport non urgent de patients constitue légalement une activité commerciale, nous devons le considérer comme une forme d’« économie sociale ». Il n’est pas non impossible de travailler avec une marge. Les marges servent à investir dans l’innovation ou à créer une réserve pour pouvoir gérer les imprévus ou les contretemps », explique Kenneth. « Le dernier élément clé du transport de patients est l’accessibilité. Comment l’organiser ? L’accès aux soins est souvent très coûteux. Par exemple, le transport d’un patient gravement brûlé d’Arlon à Neder-over-Heembeek accompagné d’un médecin et d’une infirmière coûte environ 2 000 euros. Le patient doit alors être en mesure de débourser cette somme avant de pouvoir faire appel à la solidarité sociale qui commence dès son arrivée au centre des grands brûlés.

Une définition claire

Afin de résoudre les problèmes sur la table, la Flandre doit former un groupe tripartite composé des mutuelles, des transporteurs de patients et du gouvernement flamand. La première question à résoudre est de savoir ce qu’est et n’est pas le transport des patients, et qui s’occupe de quel domaine. « Le bénévolat et le transport sans risque pour la santé par un aidant proche sont des exemples de transport social », explique Paul. « Le transport des patients doit être encadré par des normes. Il est question de transporter des personnes qui ont besoin de soins jusqu’à destination sans risque. » Kenneth va plus loin : « L’état du patient, son autonomie, son confort et sa sécurité sont les paramètres à prendre en compte. Bien que le transport de patients puisse également être « hybride ». Une personne qui se rend à l’hôpital pour une dialyse s’expose à peu de risques. Elle relève donc du transport de personnes. En revanche, après son traitement, elle court plus de risques, ce qui relève du transport de patients. L’objectif est d’utiliser les ressources à bon escient.

C’est précisément là que réside la valeur ajoutée de Belgambu. Paul conclut avec une note d’espoir : « Votre organisation professionnelle joue toujours un rôle de médiateur et stimule la consultation. Vous travaillez ensemble sur une vision en protégeant le patient. Tant en termes de qualité que d’accessibilité. Nous espérons que la Flandre participera également à cet effort. Si nous pouvons maintenir un dialogue avec toutes les parties, nous y parviendrons. »


“En 2022, nous continuerons à œuvrer pour un secteur durable.”

2021 n’a pas été une année facile. Les négociations pour un secteur plus solide ont été lentes, en raison de la crise sanitaire. En même temps, grâce à la COVID-19 et aux défis pratiques soudains, notre profession a été davantage reconnue comme un maillon nécessaire et précieux des soins de santé. Notre Conseil d’Administration regarde le passé et l’avenir. Avec une attitude positive et une saine ambition pour l’avenir.

Les services d’ambulance ont dû se réinventer pendant la crise sanitaire et ils l’ont fait avec brio. Le secteur a fait preuve d’une grande souplesse et d’une grande résilience. Il fallait passer rapidement au transport adapté. Par exemple, un patient sédentaire atteint de la covid-19 ne pouvait plus prendre un taxi, mais devait être transporté à l’hôpital en ambulance. « Cela a fait prendre conscience aux autres services de l’importance d’un transport de qualité pour les patients », explique Thom Cleymans, vice-président de Belgambu. « Nous sommes passés d’un ‘problème logistique’ à une ‘partie de la solution de soins’. Il est certain que le transport non urgent de patients a été mis en avant. Espérons qu’en 2022, cela se traduira également par des actes, des initiatives et des ressources pour professionnaliser davantage le secteur. »

Ambition pour 2022

Cette appréciation et ces ressources feront également cruellement défaut en 2022. Après tout, il y a encore beaucoup de choses à réaliser et à optimiser. Belgambu a déjà des ambitions et des objectifs concrets pour cette année. Le vice-président Erwin Vanden Eynden met en lumière l’un d’entre eux. « Nous attendons avec impatience les nouvelles normes d’accréditation pour l’aide médicale d’urgence. Le SPF Santé publique travaille activement sur ce sujet. Belgambu contribue bien sûr à la réalisation de cet objectif. Cela peut également avoir un impact positif sur d’autres aspects importants du transport des patients, tels que la qualité et le financement. » Le président de Belgambu, Kenneth Arkesteyn, ajoute : « Ce financement reste l’un de nos fers de lance en 2022 également. Il est important que les trois régions commencent à calculer les coûts du transport non urgent des patients. Les discussions sur les tarifs devraient être achevées avant l’été. Nous devons faire comprendre que les coûts et les tarifs ne sont pas la même chose. Nos organisations, grandes et petites, ont besoin d’un petit volant financier pour absorber les revers éventuels et continuer à investir dans l’innovation. C’est la seule façon de travailler durablement. »

“Nous sommes passés d’un ‘problème logistique’ à une ‘partie de la solution de soins’. ”

Et cette durabilité revêt de nombreux aspects. Permettre de garder la tête hors de l’eau avec un personnel correctement rémunéré, par exemple. « Le fait que les ambulanciers ne figurent même pas dans le top 10 des emplois les plus mal payés doit vraiment changer », souligne Kenneth. « La rémunération n’est pas proportionnelle à la responsabilité de nos gens ». Il faut également rendre la profession attrayante par une formation et un soutien de qualité. En Flandre, cette année, la nouvelle formation pour les ambulanciers ne nécessitant pas de transport urgent de patients débutera dans les organismes de formation reconnus. Un pas dans la bonne direction et une réalisation pour laquelle Belgambu s’est également fortement engagée.

Un tournant pour le secteur

Selon le Conseil d’Administration, 2022 sera une sorte d’année charnière. Thom : « Les conditions de travail des ambulanciers doivent s’améliorer et la qualité du service doit continuer à augmenter. Si nous parvenons à surmonter cet obstacle, cela créera des opportunités dans tous les domaines de notre secteur. » Avec plus d’attention et des ressources appropriées pour le secteur, beaucoup de choses deviennent possibles.

Michael Butacide, le trésorier de Belgambu, note que pour la première fois dans la Région de Bruxelles-Capitale, il existe une réglementation pour le transport non urgent de patients. Belgambu y a mis beaucoup d’énergie, est satisfait qu’il y ait un résultat mais regrette certaines « adaptations politiques ». En 2020, il compte sur un nouveau décret wallon. « Nous avons besoin de décisions qui concilient la réalité du terrain avec les défis économiques actuels, tant pour le transport des patients couchés et assis. C’est une étape importante que nous devons franchir en Wallonie pour notre secteur. Je crois aussi que notre association peut y devenir encore plus forte. Les organisations wallonnes de transport de patients commencent à nous comprendre de mieux en mieux, et des acteurs majeurs rejoignent également Belgambu. Cela nous permet d’être encore mieux représentés et d’avoir encore plus de poids. »

“L’arbitraire doit disparaître. Nous avons besoin d’une réglementation claire.”

Et puis il y a l’assistance aux événements, qui a également besoin d’un cadre juridique. Il est nécessaire de disposer d’un cadre prévisible avec des critères de qualité applicables, car chaque événement a droit à la même évaluation des risques, au même déploiement, aux mêmes qualifications minimales du personnel ou aux mêmes équipements minimaux. « L’arbitraire doit disparaître », convient le Conseil d’Administration. Trop de choses dans l’assistance aux événements dépendent de décisions arbitraires. Nous nous réjouissons donc de la poursuite de l’évolution de l’outil consultatif PRIMA de l’Inspection fédérale de la santé vers un instrument standardisé. Cet outil est en cours de validation scientifique. Cela montre à quel point le gouvernement est sérieux à ce sujet. Il s’agit d’un élément important sur la voie d’un cadre réglementaire clair et large pour l’assistance aux événements. » Il y a donc encore beaucoup de choses à l’horizon. En 2022, Belgambu mettra à nouveau le paquet sur la qualité des soins dans le transport des patients et l’assistance aux événements.