Améliorer les soins d’urgence avec les premiers intervenants médicaux

De nombreux pays voisins s’y sont déjà mis et, en Belgique aussi, la possibilité d’avoir recours à des secouristes médicaux pour des interventions urgentes est désormais sur la table. Le professeur Marc Sabbe de l’UZ Leuven a dirigé une étude d’un an. Sa conclusion est claire : « Les premiers intervenants ont certainement leur valeur ajoutée, mais il y a encore de sérieux obstacles à surmonter. »

En Belgique, il s’écoule en moyenne 10 à 12 minutes entre l’appel au centre 112 et l’arrivée des services d’urgence sur les lieux. Pour les incidents où le temps est compté, une intervention rapide fait toute la différence. Nous nous efforçons donc de trouver des moyens abordables pour réduire ce temps d’intervention. Dans cet exercice de réflexion, le gouvernement fédéral a découvert le concept de medical first responders. Dans ce cadre, les gens s’inscrivent comme volontaires, reçoivent une formation et sont ensuite susceptibles d’être les premiers à intervenir sur les lieux d’un incident survenu dans leur voisinage immédiat. Professeur Marc Sabbe : « Cette mesure devrait permettre de commencer une intervention au bout de deux minutes environ, en attendant les services d’urgence. Dans les cas d’arrêt cardiaque, de traumatisme cérébral, d’accident vasculaire cérébral, de crise cardiaque ou d’insuffisance respiratoire, ce gain de temps est crucial. »

Comment ça marche ?

Toute personne qui le souhaite peut s’inscrire ; le niveau d’entrée est très bas. Par exemple, on peut s’inscrire pour trouver le DEA le plus proche et l’apporter aux secouristes qui s’occupent de la victime. Pour les jeunes, le rôle de « runner » est intéressant, par exemple. L’étape suivante est la formation à la réanimation à l’aide du DEA. Tous ces volontaires entrent dans une base de données comprenant leur numéro de téléphone. Le 112 peut alors appeler tous les premiers intervenants disponibles en cas d’incident survenu dans un rayon de 300 mètres.

Toute personne qui reçoit une notification répond, qu’elle soit disponible ou non. La première personne disponible obtient la localisation et les informations sur l’incident, afin d’intervenir le plus rapidement possible. « Quand on sait qu’il y a 10 000 à 12 000 arrêts cardiaques par an en Belgique, on comprend vite tout le potentiel des secouristes médicaux », explique le professeur. Sabbe. « Dans notre rapport de projet, nous souhaitons également souligner les avantages potentiels de cette initiative pour d’autres incidents pour lesquels une intervention rapide est capitale. Quitte à mettre un tel système en place, autant l’étendre. Nous avons donc soumis cette suggestion au cabinet du ministre Vandenbroucke. »

Un secouriste médical ne se contente pas de commencer les premiers soins, il aide en même temps à évaluer la gravité de l’incident. C’est pourquoi une bonne interaction avec le centre d’urgence est cruciale. En posant des questions ciblées au premier intervenant, l’opérateur cartographie l’incident. Si un incident s’avère moins grave que prévu, le SMUR n’aura peut-être pas besoin d’intervenir. Une utilisation efficace et ciblée des ressources – en plus du gain de temps – constitue un deuxième avantage direct si ce système est introduit en Belgique. Ainsi, la technologie moderne permet d’améliorer la qualité des soins.

Obstacles et projets pilotes

L’équipe de recherche de l’UZ Leuven est convaincue du potentiel de cette initiative et est certaine que les premiers intervenants médicaux renforceront les soins d’urgence belges. Il y a cependant encore quelques obstacles à surmonter. Par exemple, le cadre juridique, la formation que doivent recevoir ces volontaires, le choix de la technologie, le financement et la communication pour attirer les volontaires doivent être soigneusement étudiés. « Le seuil zéro est politique », souligne M. Sabbe. « Nous avons d’abord besoin d’une volonté politique, avant de pouvoir travailler sur les autres niveaux. Nous attendons donc avec impatience de connaître la réaction du ministre Vandenbroucke à notre rapport. »

Sabbe propose également à son équipe d’approfondir l’analyse d’une multitude de données et d’en tirer des enseignements précieux. Où peut-on gagner le plus de temps lors des interventions ? La réponse à cette question indique immédiatement à quels endroits les projets pilotes seraient les plus utiles. Ou comment déterminer exactement quels premiers intervenants de la région recevront la notification ? Un rayon autour de l’incident ne constitue peut-être pas une norme idéale, notamment en présence de ponts-levis ou lorsque la circulation est dense.

Un projet charnière pour le dispatching médical ?

Si le gouvernement souhaite que le medical first responder soit pleinement déployé dans la pratique, il doit d’abord réfléchir à la technologie utilisée. Aujourd’hui, le 112 travaille avec ASTRID, la technologie utilisée par les services de police et d’incendie. Pour tirer pleinement parti des technologies modernes, il peut être nécessaire de recourir à une répartition purement médicale. « La transmission d’un signal provenant d’un bracelet de cheville est complètement différente de la surveillance à distance d’un ECG. Les wearables (médicaux) offrent de nombreuses possibilités, à condition de les anticiper et de faire les bons choix dès maintenant. Je crois en l’avenir d’un hôpital sans murs. Les technologies modernes, telles que ces wearables, permettront une récupération maximale dans l’environnement de son propre domicile ou dans un hôtel de soins. Besoin de médicaments, d’un traitement ou d’un suivi ? Il faut alors faire des allers-retours vers un « centre d’activités ». Les hôpitaux disposant de nombreux lits sont désormais de l’histoire ancienne. Alors notre gouvernement ferait mieux d’investir dans les nouvelles technologies et de mettre en place un réseau de secouristes médicaux. »