« Il s'agit d'un travail de pionnier modulaire, fondé sur des données probantes et axé sur le patient. »

De la qualification professionnelle à la formation de qualité

Les nouvelles qualifications professionnelles flamandes, très claires, détaillent ce qu’il faut savoir et être capable de faire pour exercer des fonctions spécifiques dans le domaine du transport urgent et non urgent de patients. Elles sont le résultat d’un processus de consultation intensif, dont Belgambu a été l’un des moteurs. Les qualifications professionnelles comprennent également une formation de qualité, façonnée de manière constructive par une équipe qui travaille à l’unisson. Pour notre organisme professionnel, il s’agit d’une étape importante qui a fait l’objet d’un travail acharné pendant sept ans.

Les qualifications professionnelles, publiées au Moniteur belge le 6 mai 2022, constituent une première étape d’un sprint d’un an qu’a franchi Belgambu. L’étape suivante consistait logiquement à déterminer à quoi ressembleraient les formations de secouriste, d’ambulancier pour le transport non urgent de patients et d’ambulancier pour le transport d’urgence. Quatre membres du comité de développement des profils de formation reviennent sur le travail accompli : Karen Godderis-Coene du cvo MIRAS, Elisabeth Gérardy de l’enseignement catholique de Flandre, Johan Charels, infirmier en chef du transport externe de patients à l’UZ Leuven et Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu. « Ce fut pour moi un baptême du feu », déclare Elisabeth. Elle a élaboré les qualifications professionnelles pour le personnel soignant préhospitalier de l’enseignement catholique de Flandre et, en tant que superviseur du processus, a mené l’ensemble du processus dans la bonne direction. « Notre engagement commun nous a permis de suivre le processus sur un pied d’égalité. Nous poursuivions le même objectif : garantir le flux de candidats entre les trois professions et les autres professions de santé. Vu que les compétences de chaque profession ont déjà été définies dans les qualifications professionnelles, nous n’avons pas dû partir d’une feuille blanche, mais nous avons cherché à les intégrer dans un programme d’études. Ainsi nous avons donc développé les formations pour les trois profils simultanément. C’était un chemin complexe, mais c’était le seul approprié en fonction de l’étudiant. Nous avons fini par atteindre l’objectif que nous nous étions fixé au départ. »

« Formation Babushka »

C’est Belgambu qui a déterminé à quoi ressemblerait le parcours d’un étudiant. La progression des candidats, du secouriste d’événement au transport non urgent de patients et au secouriste-ambulancier, était au cœur de cette démarche. « Mais nous avons par exemple également tenu compte de la transition que les professionnels de la santé peuvent effectuer vers l’un des trois programmes de formation et vice versa », explique Karen. « C’est une formation Babushka, comme le modèle des poupées russes. Nous permettons donc la rotation des emplois au sein des soins de santé, ce qui signifie que les gens restent actifs dans le secteur des soins de santé et ne passent pas à un autre secteur. Le lien entre tous les aspects des soins généraux aux personnes ne leur offre pas seulement des opportunités pendant et après la formation. Ils ont également l’occasion de découvrir d’autres professions, ce qui est très précieux. En outre, elle permet de travailler avec un large éventail d’apprentis. Le nombre de participants aux formations dans le domaine des soins généraux est un groupe important dans lequel il sera possible de se réorienter. »

Les qualifications professionnelles et les profils de formation sont une chose. La mise en place des formations en est une autre. Le fait que le secteur soutient pleinement cette voie et les cours finaux constitue une valeur ajoutée considérable. Il élargit le réseau des écoles et des candidats, et la coopération encourage le partage de l’expertise et des connaissances. Tous ces avantages montrent que l’offre des trois formations est bien vivante dans le secteur de l’éducation des adultes. « Les Cvo travaillent avec une enveloppe fermée », explique Karen. « Le choix des formations que nous mettons spécifiquement en place fait partie de la politique stratégique. Nous choisissons entre le financement et notre engagement social. Pour ce dernier pilier, nous misons entre autres sur les soins et l’apprentissage tout au long de la vie. Cette approche permet d’organiser ces programmes de formation sociale sans coût supplémentaire pour la communauté. »

Une motivation intrinsèque pour la qualité

Les profils de formation élaborés sont le résultat d’un groupe enthousiaste et positif qui voulait aller de l’avant, rendant le processus rapide et intense. Avec un résultat de qualité. Cette approche était nécessaire afin d’éviter aux personnes chargées de concrétiser la formation de rencontrer des problèmes. Par exemple, les modules ne devaient pas devenir trop petits afin de rester intéressants pour les PMI, et le contexte spécifique du transport de patients a été pris en compte. « Une piste a été jetée sur la table, des arguments et des contre-arguments ont suivi jusqu’à ce que nous arrivions à un résultat », explique Johan. « Fin 2016, Belgambu a lancé l’idée pour les professionnels de la santé du transport ambulatoire non urgent de patients. Aujourd’hui, sept ans plus tard, les formations ont posé la dernière pièce du puzzle pour évoluer vers une meilleure qualité dans le transport de patients. Les modules et les temps d’enseignement sont le résultat d’exercices de contenu. Nous ne sommes pas partis du nombre d’heures à remplir, mais de ce qu’un prestataire de services doit être capable de faire pour garantir la qualité et la continuité des soins, pour garantir une expérience de soins agréable et pour donner et gagner la confiance. Grâce aux qualifications et aux formations professionnelles, nous mettons tout le monde sur la même longueur d’onde et nous travaillons avec des prestataires de soins préhospitaliers intrinsèquement motivés et soucieux du patient », souligne Kenneth.

Quid du programme ? « Il est question d’un programme phare, combinant des éléments fondés sur des données probantes avec les points forts des autres cours », explique Johan. « Il comprendra des évaluations et des stages pour s’assurer que le stagiaire a acquis toutes les compétences prédéfinies. Le processus ne semble pas encore achevé. En attendant, nous pouvons être fiers de ce résultat et de l’enthousiasme avec lequel il a été élaboré, car tous les acteurs du secteur y participent : d’Alken à Zeebrugge. Ils souhaitent former leur personnel et soutenir les écoles en leur fournissant du matériel à utiliser sur le lieu de travail. Tout le monde n’a pas vu l’utilité de notre modèle. Ce qui est logique quand on part d’une organisation plutôt que du patient. Il s’agit d’un véritable travail de pionnier modulaire, fondé sur des données probantes et axé sur le patient ». Karen confirme : « Il s’agit d’un secteur expert avec lequel il est agréable de travailler. L’approche uniforme avec laquelle nous créons un paquet de base pour l’ensemble de la Flandre est unique. Elle prouve que l’on obtient bien plus de choses en travaillant ensemble plutôt que seul. Une base solide pour l’avenir. »

Il n’est pas facile de mettre en place un programme de formation à partir de zéro. En tant que superviseur du processus, Elisabeth a rassemblé l’expertise dans une structure réalisable. « C’est remarquablement facile avec tous les experts autour de la table et avec un objectif clair en tête », explique-t-elle. « Le secteur et l’éducation ont écrit ensemble une belle et chaleureuse histoire constituée de moments uniques avec des personnes ordinaires qui ont réalisé des choses extraordinaires. La valeur ajoutée sociale pour le secteur et les patients nous ont grandement motivés. La volonté d’obtenir un résultat, de suivre la trajectoire positive vers ce résultat et le mouvement de solidarité déployé pour y parvenir resteront longtemps dans nos mémoires.


Croix Rouge: Présent avant, pendant et après les inondations

Les inondations de juillet 2021 ont causé d’immenses ravages dans notre pays. En termes de durée et d’ampleur, cette catastrophe était sans précédent. Évacuer et soigner les victimes dans de telles circonstances n’est pas une mince affaire. Néanmoins, le département Secours de la Croix-Rouge de Belgique a réussi sa mission en appliquant rigoureusement les instructions reçues au sein de la discipline D2 (les secours médicaux, sanitaires et psychosociaux) dont elle fait partie.

Le département Secours de la CRB (Croix-Rouge de Belgique) s’occupe également du transport urgent et non urgent de patients et est à ce titre membre de Belgambu : « nous sommes en effet un acteur significatif dans ces secteurs et nous considérons qu’il est important de faire partie d’une organisation plus large, qui représente les intérêts du secteur », déclare Bruno De Meue, directeur du département Secours de la CRB. Ce département est auxiliaire des pouvoirs publics fédéraux (via le SPF Santé Publique) en cas de catastrophe : il intervient par l’intermédiaire de ses quinze centres de secours répartis sur le territoire wallon et en s’appuyant sur son centre logistique de Rhisnes (Namur). En tant qu’auxiliaire des pouvoirs publics en cas de catastrophe, le département Secours de la CRB est notamment intervenu lors de l’explosion de gaz à Ghislenghien en 2004 et des attentats de Bruxelles en 2016. « La grande différence avec ces événements est que la catastrophe de juillet de l’année dernière a eu une portée beaucoup plus importante (nombre de personnes touchées) et un impact dans le temps beaucoup plus long. C’est ainsi que la CRB est toujours présente aujourd’hui dans les zones sinistrées, au travers d’autres initiatives que les secours proprement dits », explique De Meue.

« Dans une catastrophe comme celle-ci, un soutien psychosocial est nécessaire en plus de la prise en charge des blessés. »

Le département Secours de la CRB est donc actif aussi bien dans « l’urgent » (ambulances 112 – auxiliaire des pouvoirs publics en cas de catastrophe – aide psycho-sociale d’urgence) que dans le « non urgent ». « Il est à souligner que la partie « aide psycho-sociale d’urgence (Sisu) » tend à prendre de plus en plus d’importance : lors de catastrophes, comme celle des récentes inondations, il ne suffit pas de soigner les corps : beaucoup de gens sont en effet choqués et traumatisés par ce qu’ils ont vu et vécu. Dans de telles circonstances, vous devez prendre soin non seulement du corps, mais aussi de l’esprit. »

Procédures connues

Bien que l’ampleur de la catastrophe ait été sans précédent, selon Bruno De Meue, le département Secours de la CRB a -fort heureusement – été capable, au sein de la discipline D2, de déployer tous les moyens qui étaient demandés par la Direction Médicale (DIR-MED). Xavier Verhaegen, responsable de la coordination opérationnelle sur le terrain, ajoute : « Nos procédures sont connues et nous permettent de réagir rapidement et efficacement en cas de sinistre. Tant en termes de mobilisation de matériel que de nos propres collaborateurs et bénévoles. La Croix-Rouge de Belgique dispose d’une cinquantaine d’ambulances équipées pour le transport urgent de malades. Durant la phase aiguë, nous en avons déployé dix-sept en province de Liège 24h/24 et maintenu cette occupation pendant au moins les 72 premières heures. Nos équipages ont été sollicités pour le transport de blessés, de personnes traumatisées, de personnes souffrant d’hypothermie et de personnes ayant des difficultés à marcher et nécessitant donc un transport en position couchée, par exemple depuis des centres de soins résidentiels qu’il fallait évacuer. « Pendant un mois, nous avons également eu une ambulance sur place en « mode veille », car la zone était difficile à atteindre (ponts coupés) et les moyens de communication normaux n’étaient plus disponibles. »

Présent sur place

Outre le transport des malades, la Croix-Rouge de Belgique a mis en place trois postes médicaux dans la zone sinistrée. Xavier Verhaegen : « Dans de nombreux endroits, toute assistance « normale » a disparu. Pensez aux cabinets médicaux et aux pharmacies. Grâce à nos postes, nous administrons les soins généraux nécessaires, par exemple pour les personnes atteintes de diabète ou d’épilepsie. De plus, nous avons également mis en place un traçage complet des victimes. Chaque personne soignée reçoit un bracelet avec un numéro spécifique. Ainsi, nous savons où elle a été retrouvée, quels soins lui ont été prodigués et à quel hôpital elle a été transférée. Ceci est indispensable pour une bonne gestion de la crise, tant au niveau des autorités (qui doivent connaître le nombre de personnes aidées) qu’à notre propre niveau. Nos services contribuent également à l’établissement des listes des personnes disparues. La logistique du département a aussi été fortement sollicitée : plusieurs véhicules FIT (First Intervention Team) ont ainsi été déployés de même qu’un poste de commandement pour coordonner les opérations de sauvetage, assurer les communications et les déplacements des ambulances. »

« Au sein de la discipline D2, grâce aux procédures établies et connues, chacun sait ce qu’il doit faire et où il doit se trouver. »

Si le département Secours de la Croix-Rouge de Belgique n’est plus présent aujourd’hui, d’autres services de la Croix-Rouge sont cependant toujours bien présents : citons entre autres la distribution des repas (plus d’1,5 million de repas ont déjà été distribués depuis le début de la crise ) et l’ accompagnement administratif des personnes dans leur recherche de logement. Il convient également d’ajouter que sur la quarantaine de millions d’euros récoltés au profit des sinistrés, 29 ont déjà été redistribués. Bruno De Meue : « Nous devons tous reconnaître que cette catastrophe est d’une ampleur inédite dans notre pays et qu’elle a permis d’identifier plusieurs zones d’amélioration pour le futur. Par exemple, au sein même de la CRB, nous travaillons déjà à une meilleure transition de la phase aiguë (les opérations de « secours » à proprement parler) vers la phase humanitaire (aide alimentaire, aide au logement, …) qui a suivi. Je tiens à souligner le remarquable élan de solidarité qui a vu le jour lors de cette crise : nous avons reçu un soutien formidable de la part de nos collègues tant de la RKV (Rode Kruis-Vlaanderen) que de Bruxelles- Capitale. Ce soutien s’est également manifesté par les dons (40 millions d’euros récoltés) de la population et des entreprises et par la présence de nombreux volontaires venant de tous les coins du pays et même – pour certains – d’au-delà de nos frontières. »


La qualification professionnelle comme label de qualité déterminant

Un processus de consultation intensif caractérisé par des discussions parfois animées, mais aussi par une très bonne compréhension, a abouti à l’établissement d’une qualification professionnelle claire. Guidé par la conseillère en éducation Inge Biot, Belgambu a joué un rôle moteur dans l’élaboration de qualifications pour les secouristes, les transporteurs de patients non urgents et les ambulanciers d’urgence. « La liste des compétences ne fera qu’améliorer la qualité de l’aide aux patients », a-t-elle déclaré.

Les nouvelles qualifications professionnelles exposent en détail ce que vous devez savoir et être capable de faire pour exercer des fonctions spécifiques dans le transport de patients. Les documents ont été élaborés et renvoyés sur le terrain. Ils passeront bientôt devant le comité de validation et de notation. Si les qualifications professionnelles y sont approuvées, elles passent toujours au gouvernement flamand et sont publiées avant de pouvoir être utilisées par le domaine professionnel. Si des établissements d’enseignement ou des organismes de formation souhaitent organiser un cours de formation pour les secouristes, les transporteurs de malades non urgents et/ou les secouristes-ambulanciers, les qualifications professionnelles constitueront alors une base solide. Chaque établissement d’enseignement ou organisme de formation détermine le cheminement vers les compétences et les connaissances qui sont inscrites dans une qualification professionnelle. « Il s’agit pour nous d’une étape importante », souligne Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu. « Une formation reconnue comprenant des critères de qualité et des contrôles uniformes améliore la qualité des soins préhospitaliers. Aussi bien lorsqu’il est question de transporter des patients que de fournir une assistance lors d’événements tels que des festivals ou des manifestations sportives. »

Les avantages dans la pratique

Les métiers d’ambulancier de transport de patients non urgents et d’ambulancier d’intervention d’urgence sont des professions de santé définies au niveau fédéral. Ce n’est pas encore le cas pour le secourisme d’événement. Pourtant, une qualification professionnelle constitue une grande valeur ajoutée pour ces trois types de profils. Surtout lorsque celle-ci est largement soutenue par le secteur. Belgambu a rejoint la table en tant que représentant et porte-parole du secteur. Une coopération constructive, comme l’a expérimenté la conseillère pédagogique Inge Biot. « Kenneth et ses collègues étaient déterminés. Ils se battent depuis des années pour obtenir une qualification professionnelle. En raison de toutes leurs recherches, préparations et connaissances des dossiers, ils avaient un point de vue différent. En tant que conseiller externe, j’ai été très heureux d’inclure leurs connaissances et leur expertise dans le processus de réflexion. Nous étions très ouverts les uns avec les autres, alors nous nous sommes progressivement rapprochés. Nous avons appelé les choses par leur nom, j’aime ça. « L’objectif commun a continué à nous motiver, même si le parcours était semé d’embuche », reconnaît Kenneth.

Les qualifications professionnelles présentent plusieurs avantages. Elles permettent notamment de tester les ambulanciers d’autres pays par rapport aux exigences nationales et, si nécessaire, de compléter spécifiquement les compétences manquantes. Travailler avec le même référentiel permet de basculer facilement entre les différents niveaux d’enseignement. Quelqu’un qui a déjà les compétences peut obtenir une qualification professionnelle via l’EVC (Reconnaissance des Compétences Acquises). « Si vous maîtrisez toutes les compétences et réussissez un test, vous recevrez un certificat de qualification professionnelle», explique Inge Biot. « De cette manière, la qualification professionnelle fonctionne également comme un label de qualité pour le secteur et une garantie pour le patient. »

Nécessité d’une période de tolérance

Depuis 2019, Belgambu exhorte les différentes autorités à élaborer une formation de qualité pour les ambulanciers chargés du transport non urgent de patients. Cependant, les progrès sur ce dossier ont été insuffisants. Kenneth Arkesteyn déclare : « C’est pourquoi nous avons nous-mêmes pris l’initiative de nous rendre au cabinet de Monsieur Weyts, ministre de l’Enseignement. Quelque temps plus tard, Inge Biot a contacté Belgambu pour travailler sur les qualifications professionnelles. Les efforts de ce groupe de travail ont abouti à des résultats solides, mais en attendant, l’obligation de visa fédéral pour la profession de transport non urgent de patient reste d’application. Les premières formations à cette qualification professionnelle ne seront pas disponibles avant septembre 2022 au plus tôt. Nous comptons donc sur un certain réalisme de la part de nos autorités. Nous avons demandé, par exemple, à l’Agence pour les soins et la santé et au Cabinet Beke de prévoir une période de tolérance exempte de sanctions. En attendant, nos transporteurs de patients peuvent se rabattre sur le certificat de premiers soins de 24 heures. À moyen terme, nous espérons bien sûr que le milieu éducatif verra une opportunité d’intégrer ces qualifications professionnelles dans son offre de formation. »

Les établissements d’enseignement intéressés devront soumettre une demande au ministère de l’éducation Cela comprend divers éléments, notamment la démonstration que les jeunes ont des opportunités d’emploi dans le secteur. Compte tenu de la pénurie de travailleurs dans le secteur du transport de patients, ce dernier point ne devrait pas poser problème.


transport et vie

La mobilité pour tous : « Un être humain n’est pas un colis »

La mobilité est importante pour tous les citoyens. C’est un élément impératif pour prendre en charge sa propre liberté et pour exercer les taches de base du quotidien. Dans une ville comme Bruxelles, la mobilité devient pénible, même pour les personnes sans restrictions physiques. Nabila El Kabbaj, directeur de l’asbl Transport et Vie, se bat chaque jour afin de réaliser un transport adapté à la situation de chaque être humain.

« Ces ambulanciers vont manger tout le cochon et moi les oreilles », c’était la première impression de Nabila El Kabbaj dans ses discussions avec Belgambu. « La carence des moyens de transport, pour les personnes fragilisées et/ou âgées, dans la capitale, est criante. Bruxelles, métropole où le temps est compté pour tous, nous a obligé à reconsidérer le transport pour ces personnes. C’est donc important d’écouter les experts, de rassembler toutes ces idées et de s’en sortir ensemble. Petit à petit j’ai compris que intérêt commun de mon organisation et de Belgambu est l’être humain et sa situation quotidienne et sanitaire. »

C’est grâce à ce genre de collaborations que d’autres idées se développent, pour mieux répondre aux attentes et besoins de leurs bénéficiaires. Les échanges avec Belgambu ont permis à Nabila d’apprendre sur un autre volet de transport, résultant dans le commencement d’une précieuse collaboration et dans une amélioration de sa propre asbl Transport et Vie. Nabila l’a fondée en 2008 à Bruxelles suite à une expérience personnelle. « Je me suis rendu compte que mon enfant, ayant besoin de transport adapté, était considéré comme un colis et la qualité du transport était insuffisante. En tant que maman et citoyenne, je me suis dit : qu’est-ce qu’on veut comme société », raconte Nabila. « Alors au lieu de critiquer, j’ai pris les choses en main. Être acteur de sa propre vie est tellement important. Y compris une vie sociale et professionnelle. Nous tentons de soutenir les familles de la personne handicapée ou fragilisée en adéquation avec leurs sensibilités, leurs attentes, leurs besoins tout en souhaitant leur transmettre un souffle nouveau et une note d’espoir. »

Une société handicapée

L’asbl Transport et Vie est composée de vingt véhicules au total, dont huit adaptés pour tous les types de chaises roulantes, qu’elles soient électriques, de grandes tailles ou avec des coques. Nabila : « Ceci nous permet par exemple de transporter des personnes avec une chaise électrique adaptée à leur handicap. » Pour pouvoir conduire ces véhicules, les chauffeurs doivent suivre une formation reconnue, se focalisant en particulier sur la sécurité et le bien-être de leurs bénéficiaires. « Nos chauffeurs doivent savoir comment réagir quand une personne autiste commence à crier ou quand une dame qui va à la chimiothérapie perd le courage. Ils doivent savoir comment supporter une personne handicapée dans tous ses besoins. Même si handicapé est un mot tellement mal choisi. C’est notre société qui est handicapée parce qu’elle a mis des normes. Elle ne dispose pas des outils pour soutenir tous ses citoyens. »

transport et vie

«  Il faut de l’empathie mais il faut aussi des personnes formées. »

C’est un bel exemple de l’engagement de Nabila. Ses chauffeurs ont déjà suivi une formation de 80 heures pour le transport des personnes, y compris un cours de premiers secours. Bien que cette formation de 80 heures ne soit pas imposé par la loi. La piste que Nabila souhaite suivre est d’aller encore plus loin et d’investir en une formation de 160 heures – 80 heures supplémentaire que la formation pour le transport des personnes. Celle-ci mène à une qualification comme ambulancier de transport non-urgent de patients. Du coup ils savent comment mettre une personne en sécurité, dans tous les domaines. « Il faut de l’empathie mais il faut aussi des personnes formées. Tous mes chauffeurs sont des anciens articles 60 : des personnes sans emploi et dans un trajet d’intégration sociale. Leur salaire n’est pas très élevé, mais nous prenons soin d’eux, par exemple avec une assurance hospitalisation complet. Une insertion sociale réussie est un écosystème en permanence dont nous avons besoin d’un levier pour arriver à une insertion réelle. C’est-à-dire une insertion sociale et économique. Cette formation d’ambulancier de transport non urgent de patients de 160 heures leur donne une qualification d’une profession de soin. Pour eux ça signifie une vraie opportunité, une autre perspective dans leur carrière professionnelle, un sens de vie et une motivation inhérente. Chaque chauffeur connait son véhicule, sa responsabilité et comment le combiner avec les aspects techniques et relationnels pour que les personnes en transport se sentent accompagnées. Ce sont des compétences réelles pour lesquelles ils ne sont pas reconnus au jour d’aujourd’hui. »

Besoin d’un changement profond

La santé est un concept large où tout dépend du moral, en tant que personne transportée et en tant que chauffeur. Selon Nabila l’aspect humain est souvent oublié. Surtout au niveau politique. Transport et Vie ne reçoit pas de reconnaissance ou de statut. Il y a quelques mois elle n’appartenait même pas à un comité paritaire. « La politique nous tolère, mais elle ne nous donne pas de légitimité. Même un service comme Uber a un statut », explique Nabila. « Alors j’ai pris l’initiative de soumettre mon organisation à une inspection rigoureuse afin de pouvoir appartenir à une comité paritaire. Ils m’ont classée dans le Fonds Social Transport et Logistique. La même classe que les transporteurs de colis vu qu’on fait des transports routiers à part des tiers. »

Au fond, le secteur doit changer, trouve Nabila. « Un professionnel de santé s’occupe d’êtres humaines, de personnes vulnérables et non de colis. Un transport urgent se passe avec le 112, les autres transports dépendent de la personne. Qu’est-ce qu’elle veut, de quoi a-t-elle besoin ? S’il faut un encadrement, le service ambulancier non urgent est désigné. Si cette personne va bien et se sent capable, elle a aussi le droit d’un transport avec au volant un chauffeur qualifié (un ambulancier de transport non urgent de patients). À ce moment-là un véhicule sanitaire léger suffit. Mais il faut surtout aller au-delà. Au-delà des régions politiques jusqu’au niveau national et jusqu’à ce que tous les transports de patients soient au même niveau de qualité, indépendamment si une personne est transporté de façon couchée, assise ou dans une chaise roulante. »

Entretemps Nabila continue de faire les choses à l’envers. Elle a choisi d’investir en formation et en qualité. « Nous faisons plus que le gouvernement nous impose. C’est ironique, la plupart des secteurs ont peur des règles plus strictes et nous demandons au gouvernement de nous imposer davantage ces règles. Mais il refuse d’adopter une approche globale. Il manque au gouvernement une vision à long terme. Tout se passe par étape, en fonction du timing et du portefeuille du ministre et d’autres influenceurs. Nous y arriverons, mais il y a encore du boulot à faire. »


Travailler ensemble à l’élaboration d’une plate-forme de mobilité centrale et dynamique

Une plate-forme unique dédiée au transport non urgent de patients, une application permettant un suivi clair des déplacements et un dispatching intelligent. Voici les objectifs concrets du projet FEDER « Plate-forme de mobilité centrale ». Tout cela dans le but de servir au mieux le patient. « Tous les partenaires se réunissent autour de la table, faisant du bien-être du patient leur priorité ».

Il ne fait aucun doute que la qualité et l’organisation du transport non urgent de patients exercent une influence sur un grand nombre d’acteurs. Un projet pilote autour de ce thème se doit donc de réunir de nombreux partenaires, parmi lesquels POM Limburg joue le rôle de coordinateur neutre. En collaboration avec les caisses d’assurance maladie, Mutas, les associations flamandes de patients et Belgambu, ces partenaires mettent en place un projet pilote de plate-forme de mobilité centrale permettant un dispatching intelligent. Le projet devrait aboutir à un système adapté à tous les types de transport non urgent de patients. Cependant, pour des raisons pratiques, le test ne porte que sur le transport non urgent de patients en position allongée. Le gouvernement flamand pourra, par la suite, étendre le système au transport de patients en position assise et en fauteuil roulant.

Une consultation constructive

La nécessité d’un organisme central de planification des déplacements non urgents a incité le comité du transport non urgent de patients à déposer sa candidature pour participer au projet FEDER. Le FEDER, le Fonds européen de développement régional, contribue à nourrir ces idées. POM Limburg a été contacté pour servir de coordinateur. « Ce projet s’inscrit parfaitement dans notre mission d’Agence provinciale de développement », explique Nele Buysmans, qui suit le projet. « Nous souhaitons stimuler l’économie de notre province grâce à des projets innovants.

L’accélération numérique constitue l’un des points de départ clés pour y parvenir. La plate-forme centrale, l’application en cours de développement et la nature dynamique du dispatching s’inscrivent parfaitement dans ce cadre ».

La combinaison de ces facteurs devrait conduire à un processus plus fluide de transport non urgent des patients, mais surtout à une communication claire et transparente. Des informations plus claires parviendraient à la fois au patient, au transporteur du patient et au prestataire de soins. Tout le monde y gagne.

« L’arbre de décision médical constitue notre premier outil concret pour avancer ».

Le laboratoire idéal

Le Limbourg s’est avéré être le laboratoire le mieux adapté à la mise en place de la plate-forme centrale de mobilité. « Non pas parce que les besoins y sont plus nombreux », souligne Nele, « mais parce qu’il s’agit d’une zone de mobilité unique en termes de logistique. Nous sommes capables de réagir rapidement, même dans des situations difficiles. Le transport et les soins ne font qu’un, ce qui crée un contexte unique ». Une fois le projet pilote terminé, POM Limburg fournira au gouvernement un retour d’information comprenant des résultats concrets, des conclusions et des recommandations.

Cependant, ce retour d’information initialement prévu pour la fin de cette année arrivera plus tard que prévu. La COVID-19 n’ayant, en effet, pas épargné le projet du FEDER, POM Limburg accuse un certain retard. L’échéance du test a donc été reportée de six mois et arrivera au milieu de l’année 2022. Tous les partenaires pourront ainsi présenter des résultats décisifs et exploitables. « Le premier outil est presque prêt », explique Nele Buysmans. « Nous avons élaboré un arbre de décision médical que nous testons désormais dans la pratique. Un preneur d’appel utilise ce diagramme pour trouver de manière simple et efficace le type de transport le mieux adapté à chaque patient. Après avoir reçu l’aval des médecins, nous présenterons cet arbre de décision au gouvernement flamand qui pourra l’étendre à d’autres provinces s’il le souhaite. Les associations non limbourgeoises ne doivent donc pas attendre le milieu de l’année prochaine pour utiliser les résultats ».

Un dispatching intelligent pour un confort maximal

Le dispatching intelligent constitue la pièce maitresse du projet FEDER. Une planification intelligente et dynamique qui adapte les déplacements en temps réel en fonction de l’offre et de la demande du moment. Une voiture se retrouve bloquée dans un embouteillage ? Le service de transport tombe en panne ? Un patient annule son transport ? Le programme de trajets se redessine pour mieux répondre aux besoins. « Cet outil bénéficie surtout au patient. Il permet aussi de limiter le parcours de kilomètres à vide, ce qui est également bon pour l’environnement », sait Nele Buysmans. Quoi qu’il en soit, le fait de cartographier et de partager les différentes visions entre partenaires permet de toute façon de clarifier la situation. Une première grande étape vers l’amélioration du transport non urgent de patients, le confort du patient restant la priorité de chacun des intervenants autour de la table. Cette vision commune constitue la base solide d’une communication ouverte et d’une coopération constructive. Nous avançons tous dans la même direction. Nous restons donc confiants quant à l’état actuel de la situation et nous avons hâte de découvrir ce que l’année à venir nous réserve ».


Vias: « Recenser les agressions pour une politique ciblée »

L’institut Vias s’occupe généralement de la sécurité routière et de la mobilité. Bien entendu, ces deux secteurs représentent une part importante de leurs activités quotidiennes. Cependant, l’institut comprend un troisième pilier au moins tout aussi important : celui de la sécurité de la société. C’est pourquoi Vias souhaite recenser les agressions commises à l’encontre des soignants professionnels et fournir un cadre sûr et viable en donnant des conseils sur les actions à mener.

Les agressions contre les soignants professionnels constituent un sujet d’actualité qui se révèle très complexe. « Depuis trois ans, nous tentons d’inscrire cette problématique à l’agenda politique et de recherche », explique Karin Genoe, PDG de Vias. « Nous avons le sentiment que les agressions envers les soignants professionnels sont en augmentation, bien qu’il y ait peu de données chiffrées pour le prouver. Surtout lorsqu’on souhaite faire la part des choses entre la police, les pompiers et le transport de patients, par exemple ».

Cependant, Vias n’est pas du genre à rester les bras croisés. Inspirés par les bonnes pratiques de l’étranger, l’institut a élaboré son propre questionnaire, soutenu par des échelles de comparaison avec les pays étrangers et validé par des centres de connaissances.

Collecter de précieuses données

Dire que nous ne disposons d’aucune donnée chiffrée serait exagéré. Vias examine bien sûr le nombre de rapports – sur les incidents – des services de police. Mais ce tableau reste incomplet, car beaucoup de faits ne sont pas signalés. Comme c’est le cas à l’étranger, les soignants professionnels belges considèrent encore trop souvent que les agressions font partie de leur travail, ce qui conduit à un chiffre noir très élevé. Ce qui signifie que de nombreux incidents ne sont pas signalés.
De plus, nous manquons de détails pour prendre des mesures adaptées. S’agit-il, par exemple, d’une agression verbale ou physique ? D’une menace ou d’une intimidation ? Qu’est-ce qui est l’origine de l’agression ? La consommation de substances, l’émotion, la peur, des attentes inassouvies ou une autre chose ? « Nous ne pourrons émettre de recommandations politiques fondées sur des faits et développer nos propres campagnes qu’après avoir répondu à ces questions. Aussi bien en termes de répression que de prévention. Des mesures préventives nous permettront de nous concentrer sur le changement de comportement, ce qui contribuera à réduire le sentiment d’impunité, ainsi que le risque de récidive. Cependant, notre gouvernement n’est absolument pas engagé dans cette voie. Il y a donc encore beaucoup à faire », déclare M. Genoe. « Aussi bien pour la victime de l’agression et que pour son auteur. »

Pour les victimes, un soutien psychologique peut apporter un certain réconfort. Tandis que pour les agresseurs, Vias pense à une formation leur permettant de prendre conscience de leurs actes. Il pourrait s’agir d’un module de trente heures visant à rechercher les causes de l’agression et à proposer des outils pour éviter d’autres montées de violence. Vias cumule 25 ans d’expérience dans la formation des condamnés pour infraction au code de la route.

« 30 heurs d’introspection valent mieux que 30 secondes pour ouvrir un portefeuille. »

Pendant plusieurs années, l’institut a suivi 600 conducteurs condamnés à suivre une formation après avoir pris le volant en état d’ivresse. Parmi eux, 300 ont écopé d’une sanction classique telle qu’une amende ou la déchéance du droit de conduire, l’autre moitié a dû suivre la formation. Au sein du groupe de participants à la formation, on a enregistré une diminution de 41 pour cent de la récidive. De plus, les participants se sont révélés moins susceptibles de retomber dans leur comportement déviant. Des chiffres encourageant l’instauration de ce parcours d’apprentissage dans d’autres domaines. Comme mesure judiciaire alternative, par exemple, mais aussi à un stade plus précoce, lors de la médiation dans les affaires pénales. Karin Genoe : « La portée de cette formation va bien au-delà de l’obligation de l’agresseur à suivre les cours. De fait, de nombreux participants à la formation parlent du programme à leurs proches et, par extension, ils abordent leur propre comportement. Le fait d’en parler constitue déjà une évolution positive. Nous sommes convaincus qu’un travail d’introspection de 30 heures aura plus d’effet que de prendre 30 secondes pour ouvrir son portefeuille et payer une amende ».

Une approche ciblée sur le terrain

Des données spécifiques ouvrent la voie à une approche ciblée, combinant répression et prévention. C’est précisément pour cette raison que le questionnaire Vias peut devenir un outil efficace. « C’est d’autant plus le cas s’il est combiné à une approche efficace menée avec notre réseau », explique Karin Genoe. « En outre, Belgambu peut certainement faire office de catalyseur pour faire bouger les choses. Pour recueillir des informations, mais aussi pour que les services insistent auprès de leur personnel sur l’importance du dépôt de plainte. Pour insister une fois de plus sur le fait que les agressions ne vont pas automatiquement de pair avec le fait de conduire d’une ambulance.

En présentant, par exemple, des chiffres concrets sur le nombre d’incidents, la nature des agressions et la gravité de leurs conséquences, nous pourrons également exercer plus d’influence sur le gouvernement. Nous pourrons ainsi donner forme à nos idées et les étayer à l’aide de découvertes concrètes. Pour les décideurs politiques et les ministères publics, ces arguments constituent un bon moyen de faire avancer ce processus d’apprentissage pour les agresseurs. À partir de cette vision, nous travaillons de manière constructive sur le problème, en consultation avec toutes les parties concernées », conclut Karin Genoe.
Vias lance le questionnaire via Belgambu à la mi-janvier et annonce ainsi le premier « mois contre les agressions envers les soignants professionnels ». Vous recevrez un e-mail de Belgambu comprenant le lien et un code unique pour remplir l’enquête. Partagez votre expérience et contribuez à la création d’un environnement de travail plus sûr.


Alda Greoli et Robert Javaux: "Ce que nous faisons ensemble, nous le faisons mieux”

Une approbation du décret, travaillé avec tous les représentants du secteur. Voilà le souhait de l’ancienne ministre Alda Greoli et son chef de cabinet adjoint Robert Javaux pour leurs successeurs au gouvernement wallon. Avec une communication optimale entre les régions de notre pays.

L’ancienne ministre wallonne des Affaires Sociales Alda Greoli et son chef de cabinet adjoint Robert Javaux ont travaillé dur sur le dossier des transports non urgents de patients en Wallonie au cours de la dernière législature. “La première étape importante de notre projet de décret est une distinction claire entre le transport de patients et le transport de personnes, avec une définition précise”, déclare Alda Greoli. « Les deux ont des besoins très différents. » Et elle a exprimé ces besoins, avec tous les représentants du secteur, dans un projet de décret très ambitieux, précis et complet. “C’était un exercice intense avec l’ensemble du groupe de travail. Notre texte a atteint une troisième lecture au Gouvernement et a été déposé au Parlement. Et puis notre temps était écoulé. J’espère que la ministre Christie Morreale l’examinera à nouveau rapidement.”

En tout cas, le gouvernement wallon actuel y travaille. Robert Javaux espère pouvoir mettre à profit ses retours d’expérience en la matière, notamment le résultat des travaux réalisés par le groupe de travail pluridisciplinaire et représentatif du secteur qui avait été activé par la ministre Greoli lors de la précédente législature. L’intention annoncée par la ministre Morreale de maintenir un groupe de travail sur cette thématique est un premier pas important. “Les projets de décret et arrêté de 2019 ont été préparés et rédigés de manière très approfondie, avec un vrai consensus entre toutes les parties concernées: les organismes assureurs, les représentants des associations d’opérateurs, la Croix-Rouge, les représentants de centres de formation, … Certaines mises à jour sont encore nécessaires, notamment sur le détail des modalités de tarification des transports”, dit Javaux. “Espérons que notre consensus pourra être maintenu.”

« C’est un projet de loi complet et de haute qualité qui doit être voté. »

Plus forts ensemble

La réflexion sur le contenu du projet de décret wallon doit s’appuyer sur trois évolutions importantes. Tout d’abord, consolider les textes existants et marquer la différenciation claire entre le transport de patients et le transport de personnes afin d’identifier clairement le cadre législatif de référence. Ensuite, le transport de patient est désormais une profession paramédicale. Il s’agit donc maintenant de renforcer dans les textes wallons les contenus spécifiques à la profession, notamment en matière de qualification professionnelle et de prestations techniques. Enfin, créer un cadre clair et rendre les services plus accessibles financièrement parlant. “Il régnait beaucoup de confusion dans le domaine des tarifs appliqués. Cela conduit à une situation complexe pour les patients dont l’état de santé impose des transports fréquents et à une concurrence inutile qui rend l’ensemble du secteur particulièrement fragile”, raconte Greoli.

Quelle est la façon de procéder pour la suite? “En termes de Santé Publique, l’harmonisation des dispositifs entre les différentes régions de notre pays est nécessaire. La Belgique est un pays compliqué. Mais j’en suis convaincue: ce que nous faisons ensemble, nous le faisons mieux. Et c’est profitable à la qualité”, déclare Alda Greoli. “Cette meilleure communication et coopération, également au niveau fédéral, n’a que des effets positifs. Notre cabinet a également travaillé dur pour créer la nouvelle profession de soins ambulanciers pour le transport non urgent des patients. Belgambu a également joué un rôle très important et indispensable à cet égard”, conclut Robert Javaux.


Luc Detavernier: « La consultation de tous les acteurs mène à des résultats »

Un comité réunissant toutes les parties prenantes et une reconnaissance professionnelle des prestataires de services ambulanciers pour le transport non urgent de patients. Des mesures importantes ont déjà été prises en vue d’établir un cadre juridique pour le transport non urgent de patients dans la Région de Bruxelles-Capitale. « Le travail n’est cependant pas encore terminé. »

Après une législature dominée par la réforme de l’État, le sujet du transport non urgent de patients a été étudié. Un nouveau conseil d’administration ambitieux a vu le jour en 2013. Luc Detavernier, employé du cabinet de Didier Gosuin, était présent à la table des négociations de la Région de Bruxelles-Capitale. Précisément là où la complexité de la politique belge atteint son apogée, le vieillissement de la population et le nombre non négligeable d’institutions de soins dans une zone limitée créent des défis supplémentaires.

Qualité et transparence

Le conseil d’administration, avec les personnes et les groupes du terrain, a abordé un certain nombre de points douloureux. Deux des plus importants : la qualité et la transparence. « Chacun pouvait alors, pour ainsi dire, faire son propre truc », explique Luc. « Les gens allumaient leur sirène et conduisaient trop vite, les patients n’étaient pas traités correctement et recevaient ensuite une facture bien trop élevée. Grâce à un service d’inspection, accompagné de sanctions correspondantes, et à la reconnaissance professionnelle des ambulanciers, associée à une formation adéquate, la qualité des transports est garantie à l’avenir. Et les prix doivent être clairement affichés partout. »

« Un cadre clair permet de garantir la qualité. »

La reconnaissance de la profession de santé « ambulancier de transport non urgent de patients» est l’un des plus grands accomplissements du Comité Permanent de Consultation sur le transport non urgent de patients. Ce comité, mis en place lors de la dernière législature, réunit tous les acteurs autour de la table. « De la politique et des organisations sectorielles aux organisations de transport de patients et à la représentation des patients », explique Luc Detavernier. « En consultant toutes les parties prenantes, vous pouvez réaliser beaucoup de choses sur le long terme ». C’est d’ailleurs le président de Belgambu, Kenneth Arkesteyn, qui a posé les bases du programme de formation pour les ambulanciers chargés du transport non urgent de patients.

Une synergie précieuse

Luc Detavernier est à juste titre fier des résultats de la législature précédente. Le prochain gouvernement a toutefois encore la possibilité de peaufiner davantage la législation sur le transport non urgent de patients. « Un tarif général, avec remboursement par l’assurance maladie obligatoire », précise Luc. « Nous n’y sommes malheureusement pas encore parvenu ces dernières années. Ou la mise à disposition du transport bénévole, par exemple. Il ne devrait pas s’agir d’un choix ou / ou, mais plutôt d’une solution et / et. Je crois qu’un mélange sain de différentes formes de transport non urgent de patients est l’avenir. Afin d’éliminer les pratiques de cow-boy, les vrais bénévoles devraient également disposer d’un cadre clair. Pensez par exemple à la formation, aux tarifs et au remboursement des frais. Cela augmenterait ainsi la capacité de transport des patients non urgents, mais garantirait également qu’un patient reçoit toujours le type de transport approprié pour ses besoins de soins. D’un bénévole dans sa voiture à un membre du personnel dans une ambulance. »


Président Belgambu à propos d’un défi pour le transport non urgent de patients

La ministre De Block est plutôt fière de ce qu’elle a accompli pendant son mandat lors de cette législature quant à l’aide médicale d’urgence (AMU). Dans quelle mesure est-ce justifié?

Du point de vue du verre à moitié plein, nous ne pouvons que regarder en arrière avec satisfaction les réalisations de la ministre De Block pour l’AMU. Ce fût un soulagement d’avoir enfin une ministre qui prête tant d’attention à cette activité de soins, dont une augmentation substantielle du budget.

De la perspective du verre à moitié vide, nous reconnaissons que des efforts financiers considérables ont été consentis, mais qu’il reste encore du chemin à parcourir. Le Conseil national de l’aide médicale d’urgence a calculé dans son mémorandum pour le prochain ministre, qu’un financement supplémentaire de 85 millions d’euros serait nécessaire.

La transposition tel quel du système de la facture forfaitaire du 112 au transport de patients non urgent est presque impossible, par exemple en raison des régimes de subvention sous-jacents pour l’AMU. La ministre De Block passe le flambeau aux ministres régionaux pour travailler sur une solution pour le transport non urgent des patients. Après tout, le transport non urgent de patients est une compétence des régions.

Les organisations de patients craignent quant à l’accessibilité des soins si les factures de transport des patients sont trop élevées. Il s’agit d’une préoccupation légitime que nous partageons avec les organisations de patients. Le transport des patients est trop peu considéré comme un maillon de la chaîne de soins, dans un certain nombre de cas, il s’agit pour les patients de l’accès même aux soins. Contrairement au transport 112, le transport non urgent de patients n’est pas inclus dans l’assurance maladie obligatoire. Par conséquent, les patients dépendent désormais principalement des assurances complémentaires de santé des mutuelles. Cependant, les systèmes existants avec un soutien financier pour le transport non urgent des patients ont atteint leurs limites.

©Ingeborg Selleslags

©Ingeborg Selleslags

Est-ce la raison pour laquelle les politiciens parlent maintenant de sécurité tarifaire pour le transport non urgent de patients?

Avec la “sécurité tarifaire”, nous devons faire la distinction entre, d’une part, la transparence sur les tarifs pratiqués et, d’autre part, les tarifs eux-mêmes. Les patients ont le droit de connaître les tarifs pratiqués pour effectuer un transport et les services d’ambulances font également des estimations pour les patients sur base de paramètres simples. Cependant, cela n’est pas toujours possible pour un service d’ambulances, par exemple parce que l’hôpital organise le transport et que le service d’ambulances n’a eu aucun contact préalable avec le patient. Ou parce qu’au départ, les coûts étaient à charge de l’hôpital mais sont finalement imputés au patient directement. Concernant le niveau des tarifs, Belgambu maintient sa position selon laquelle les tarifs appliqués devraient permettre aux services d’ambulances d’effectuer un transport de patients de haute qualité, sûr et confortable d’une manière économiquement durable. Les tarifs doivent refléter correctement les coûts réels de réalisation d’un transport de patients.

La Flandre a pris l’initiative en commandant une étude indépendante à une agence de consultation externe afin de cartographier les coûts effectifs du transport non urgent de patients. Le Comité permanent de concertation sur le transport non urgent de patients à Bruxelles étudie désormais cette approche et au sein du groupe de travail compétent en Wallonie, le bureau de concertation est déjà venu présenter la méthodologie et les résultats de l’étude menée en Flandre. Belgambu s’engage activement à utiliser les “meilleures pratiques” d’une région dans une autre. Chaque patient, d’Arlon à Ostende, a droit à un transport de patient de haute qualité, confortable et sûr.

Dès lors, les coûts de transport non urgent des patients n’augmenteront-ils pas?

Il est important ici d’apporter des précisions. En effet, il existe un risque que le débat se limite aux tarifs des services d’ambulances. En conséquence, les frontières entre le “tarif” d’une part et les “coûts pour le patient” d’autre part s’estompent trop rapidement. C’est comme aller chez le médecin, les frais de consultation sont fixés d’avance. Après intervention des organismes assureurs en matière de remboursement et éventuellement d’autres avantages, les coûts pour le patient sont connus. Les coûts de transport des patients sont certes importants, mais les différents acteurs se concentrent désormais principalement sur “les tarifs”. Nous voyons donc diverses initiatives qui visent principalement à atteindre les tarifs les plus bas possibles, telles que l’emploi de personnes bénéficiant d’allocations de chômage en tant que «volontaire». Les organisations paient alors des défraiements qui dépassent le maximum légal, ce qui en fait une forme «fiscalement avantageuse» d’emplois supplémentaires créés. Belgambu s’oppose à ces pratiques discutables et faussant le marché. C’est aussi un coup de canif pour tous les «vrais» bénévoles qui donnent
gratuitement de leur temps pour créer de la valeur sociale ajoutée.

S’appuyer sur ces coûts sociaux indirects cachés est-il la solution pour réaliser un transport de patients accessible? Ou n’y a-t-il pas un débat sur la solidarisation sociale directe transparente pour rendre le transport des patients abordable pour les patients?

Un exemple pratique d’un patient gravement brûlé ayant besoin d’un transport vers un centre de grands brûlés spécialisé (transport médical spécialisé avec un médecin et une infirmière avec plus de 200 km aller simple). Les frais de transport s’élèvent à plus de 2 000 €, malgré cela, il n’y a aucune intervention financière. Heureusement, il y a une solidarisation sociétale pour le traitement spécialisé dans le centre d’expertise, sinon cela serait un sérieux problème pour de nombreux patients. Et il ne s’agit pas seulement des transports médicaux spécialisés avec un médecin. Par exemple, il y a des transferts fréquents d’un service d’urgence de l’hôpital A vers le service d’urgence de l’hôpital B pour les patients nécessitants un transport de patients à caractère critique (qui n’est pas couvert par la loi du 8 juillet 1964) où l’indemnisation pour le patient est presque inexistante à quelques euros près au kilomètre.

Belgambu plaide-t-elle en faveur de l’inclusion du transport non urgent de patients dans l’assurance maladie obligatoire?

Pour Belgambu, le mode d’organisation de la solidarité sociétale n’a pas d’importance. Probablement pas pour le patient non plus, tant que le transport non urgent du patient reste ou devient un véritable lien d’accessibilité pour une trajectoire de soins.