/ 03/12/2025

Rapide, agile et polyvalente : une brigade motorisée à votre service
Travailler à Oosterweel, dans les embouteillages du week-end en direction de la côte, ou dans des endroits difficiles d’accès : il n’est pas toujours facile pour une ambulance d’arriver rapidement à destination. Les motos offrent une alternative intéressante. Aujourd’hui, elles démontrent déjà leur valeur ajoutée dans le transport d’échantillons et le secourisme événementiel. Il existe encore bien d’autres possibilités.
Ce qui avait commencé chez Ambuce Resue-Team comme un projet pilote pour les transports non prioritaires s’est transformé – en seulement deux ans – en un service précieux et rapide pour les analyses urgentes et les transports de laboratoire. Entre-temps, une cinquantaine de volontaires assurent cinq créneaux horaires différents : trois en journée, un en fin de journée et un la nuit. Sept motos sont mobilisées pour effectuer les nombreux trajets sur ces créneaux. « Moins de 10 % de nos interventions sont prioritaires, mais notre service contribue incontestablement à une prise en charge de qualité des patients. », déclare Jesse Delien, coordinateur de l’aide médicale urgente et motocycliste chez Ambuce Rescue-Team. « Lorsque le temps est compté, le transport à moto peut parfois faire toute la différence, notamment dans la circulation dense d’Anvers. » Il nous arrive aussi d’effectuer des transports plus longs, par exemple vers Louvain ou Liège. Prioritaires ou non. »
De quels types de transports s’agit-il principalement ? Jesse donne un exemple : « Une femme atteinte d’une tumeur du sein subit une biopsie au bloc opératoire afin d’examiner les cellules cancéreuses et de déterminer quelle intervention est la plus appropriée. Faut-il enlever la tumeur, la totalité du sein, ou le sein et une partie des glandes ? La patiente est sous anesthésie, et comme il est toujours conseillé de réduire au maximum la durée de l’anesthésie, l’échantillon doit parvenir au laboratoire le plus rapidement possible pour obtenir un résultat rapide. C’est là que nous intervenons. Ou si du sang doit être transporté du laboratoire à l’hôpital dans le cadre de protocoles de polytransfusion. » Le nombre de trajets a augmenté de façon exponentielle, en partie à cause de la centralisation au sein du paysage hospitalier. Tous les hôpitaux ne disposent pas encore de leur propre laboratoire. Il faut donc tout simplement transporter davantage d’échantillons, dont certains de toute urgence. « Nous sommes donc résolument plus flexibles que les taxis qui assuraient auparavant ce transport d’échantillons. De plus, ces chauffeurs connaissaient moins bien les « colis » eux-mêmes et combinaient souvent les services, par exemple en déposant un client de taxi à proximité. Cela allongeait inutilement la durée du transport. Le contrôle de la température des échantillons tout au long du transport est également beaucoup plus précis. »
Les protocoles internes des hôpitaux s’appliquent pour déterminer la priorité de chaque trajet motorisé. Le médecin-chef de l’hôpital ou le responsable du laboratoire peuvent fixer les critères. Cela signifie qu’un transport effectué dans le cadre du protocole de polytransfusion bénéficie toujours d’une priorité absolue. Le service de dispatching lui-même peut également déterminer le degré d’urgence d’un trajet, par exemple s’il est conseillé de le faire en moins d’une demi-heure ou s’il s’agit d’une urgence absolue.
ORGANISATION PRATIQUE
Ambuce Rescue-Team a récupéré d’anciennes motos de police pour leur brigade. Elles fonctionnent encore très bien et sont également déjà équipées de la signalisation nécessaire. « Tout le monde y gagne », affirme Jesse Delien avec conviction. « Nous n’avons plus besoin d’installer de signalisation et la police n’a plus besoin de les retirer, ce qui engendrerait des coûts supplémentaires. » Cependant, l’équipement des motos est modifié pour le transport frigorifique.Certains échantillons doivent être conservés à une température spécifique. « Nous avons un module de réfrigération dans la sac de la moto. Le suivi de la température des échantillons peut parfois s’avérer difficile, alors que les hôpitaux sont de plus en plus exigeants dans ce domaine. Nous cherchons constamment à améliorer cet aspect. »
La brigade motorisée s’appuie sur une équipe de volontaires motivés. Compte tenu de l’importance et des délais serrés de leurs missions, ils doivent bien sûr remplir certaines conditions. Ils doivent notamment posséder l’expérience nécessaire et sont tenus de suivre une formation (voir encadré). Une sélection rigoureuse est effectuée parmi un nombre assez important de candidats intéressés, grâce à une politique de recrutement stricte. De plus, des règles strictes s’appliquent pendant les quarts de travail, notamment l’utilisation des signalisations de priorité. Les conducteurs font l’objet d’un contrôle d’utilisation correcte de ces dispositifs grâce à un système de suivi et de traçabilité. Les directives strictes et l’accent mis sur la formation semblent déjà porter leurs fruits. En cinq ans, la brigade moto d’Ambuce Rescue-Team n’a connu qu’un seul accident isolé ayant causé des blessures. Il n’y a pas non plus de différence significative en termes de dommages matériels par rapport aux accidents impliquant des ambulances. Pour éviter tout risque inutile, les motos ne sortent pas lorsque la température extérieure descend en dessous de 2 °C, éliminant ainsi les dangers liés à la glace et à la neige.
PREMIERS SECOURS À MOTO
Jesse voit un potentiel beaucoup plus important dans la brigade motorisée, par exemple pour les premiers secours à moto. Dans les pays voisins, nous constatons déjà de nombreux exemples de réussite à cet égard. « Malheureusement, le système belge n’est pas prêt pour cela », constate Jesse. « Cependant, les avantages sont évidents : vous arrivés rapidement sur place, même pendant les week-ends chargés, comme sur la côte pendant les vacances d’été. En outre, cela nous permettrait de soulager le réseau 112. »
Belgambu y voit des opportunités. Le président Kenneth Arkesteyn se demande : « Pourquoi ne pas explorer les possibilités offertes par une sorte de moto SMUR/PIT ? Un ambulancier et une infirmière arrivent rapidement sur les lieux à moto, ce qui nous permet de déployer au mieux toutes les compétences. » Ce cas de figure exige une formation adaptée des motocyclistes. Selon Jesse, cela nécessite la création d’une profession entièrement nouvelle. « Comme le système paramédical en Angleterre », explique-t-il.
Les motos, comme celles de Medimoto, sont déjà utilisées pour le secourisme évènementiel. C’est sous cette bannière que l’infirmier Bart Grobet se déplace pour apporter une assistance médicale lors de nombreux événements. Bernard Geldof a commencé à proposer ce service en avril 2016. « Au bout d’un certain temps, j’ai commencé à participer à des courses cyclistes, mais aussi à des compétitions de course à pied et de triathlon, des événements cyclistes nationaux et internationaux avec Bernard. » Après son décès en 2023, Bart a repris le flambeau et la moto, marquant un nouveau départ pour Medimoto. « Lors d’événements, nous ne remplaçons pas les ambulances, mais nous sommes un bon complément. » La moto est tout simplement plus flexible, prend moins de place et permet d’atteindre certains endroits plus facilement, par exemple, lors d’une course à pied le long d’un chemin de halage ou de routes forestières. Nous devenons en réalité un maillon supplémentaire dans le secourisme évènementiel, avec ou sans médecin pour un soutien médical additionnel. »
Malgré l’espace limité, la moto transporte une quantité importante de matériel. Les mallettes contiennent tout le nécessaire pour les soins de base des plaies, un jeu d’attelles, un kit pour brûlures, un kit de perfusions, un kit de suture, un DEA, un moniteur ECG, un tensiomètre, un oxymètre et un glucomètre. « Heureusement, les incidents se sont pour la plupart limités à des éraflures mineures suite à une chute ou à des fractures légères, mais nous préférons être préparés à toute éventualité. »
COMPÉTENCES TECHNIQUES ET TACTIQUES DE CONDUITE REQUISES
Avant qu’un volontaire puisse transporter des échantillons à moto, Ambuce Rescue Team envoie le motocycliste suivre une formation d’une journée. La matinée est consacrée à la technique de conduite, tandis que l’après-midi est axée sur les tactiques de conduite permettant d’évaluer correctement les risques dans la circulation. « L’objectif est toujours d’assurer des transports efficaces et sûrs », explique l’instructeur Wouter De Clercq. « Le plus important lors de cette journée de formation n’est pas de montrer ce que l’on sait faire, mais de comprendre sa propre technique et sa propre tactique. Après le cours, tout ne fait que commencer. Il s’agit ensuite de poursuivre le travail de manière ciblée sur les points faibles. Nous avons délibérément placé la barre haut pour ces volontaires, car dans leur rôle au sein de la brigade motorisée, ce sont des motocyclistes professionnels. Cela requiert un niveau de compétence de conduite différent de celui d’une simple sortie de loisirs. Se faufiler sans difficulté dans la circulation dense de la ville, freiner soudainement à vitesse élevée… tout cela fait partie du jeu. Nous préparons au mieux les motocyclistes à cela. »


