Noël Slangen: « Se battre pour un secteur, c’est jouer les équilibristes »

Qui est responsable de l’organisation du transport de patients ? Comment contrôler la qualité et la maniabilité dans la pratique quotidienne ? Noël Slangen était autrefois un communicateur pur jus. Depuis quelques années, il travaille comme directeur général de POM Limburg et il ne mâche pas ses mots lorsqu’il est question des tenants et aboutissants du secteur. Cette manière de faire demande un regard critique sur la responsabilité politique et une vision tournée vers l’avenir.

Au cours des derniers mois, les tarifs excessivement bas pour le transport non urgent de patients et la difficulté de faire bouger les choses ont déjà fait couler beaucoup d’encre. La question clé est la suivante : qui prendra l’initiative et transformera les paroles en actes ? Une discussion que Noël Slangen a suivie avec attention. « Notre équipe en charge de la santé a été commissionée par le gouvernement flamand de gérer, avec toutes les parties prenantes, un projet européen visant à préparer une éventuelle numérisation de l’organisation du transport de patients. Belgambu et ses membres exercent une certaine influence dans ce dossier. Tant que les prestataires roulent à des prix trop bas, les mutuelles de santé et le gouvernement n’ont aucune raison de s’agiter. Pourtant, de nombreuses possibilités pourraient être exploitées. » Enfin, certains signes montrent que les mutualités souhaitent assumer leur responsabilité en la matière, estime Kenneth Arkesteyn, président de Belgambu. « Les mutuelles de santé travaillent via un mandat gouvernemental et imposent leurs propres tarifs, tandis que les transporteurs de patients se retrouvent uniquement face à un choix binaire : participer ou non. Seule une poignée de transporteurs de patients ont le luxe de ne pas participer à ce mandat gouvernemental, ce qui fait que les mutualités travaillent en position de force. »

Cependant, des projets tels que le projet FEDER de POM Limburg, créent des opportunités. L’objectif initial de mettre en place un numéro général pour tous les transports de patients ne s’est pas avéré utile, une application flamande de mobilité intégrée étant désormais à l’ordre du jour. Pourtant, ces efforts n’ont certainement pas été vains, souligne M. Slangen. « Le projet a donné lieu à de nombreuses recommandations et idées et a remis les défis du transport de patients à l’ordre du jour politique. Le projet a montré que l’innovation ne peut jamais réduire suffisamment les coûts sans solidarité. Du moins, à court terme. »

La complexité politique et ses conséquences

Le transport de patients comporte de plus en plus souvent une composante urgente et une composante non urgente. De plus, les niveaux fédéral et régional sont tous deux compétents, ce qui complique les choses. En effet, le coût et les recettes d’un voyage ne se situent pas toujours au même niveau. « En outre, nos ressources se font tout simplement rares. Les soins de santé lourds sont les plus financés. Le transport de patients relève des soins de santé légers et il se retrouve donc perdant. »

« Le fait que les questions non urgentes aboutissent aussi de plus en plus souvent à un transport urgent de patients n’est pas une coïncidence », explique Noël Slangen. « Nous pouvons comparer cette situation à celle que connait le service des urgences. Les gens s’y rendent parce qu’il n’y a pas de bonnes alternatives disponibles. Tout comme dans les hôpitaux, beaucoup de choses sont à améliorer dans le domaine du transport de patients. Ces changements peuvent être faits de manière plus efficace et donner à toutes les parties prenantes plus d’espace pour respirer. »

Un nouveau ministre en poste

Dans sa quête d’une meilleure efficacité, de garanties de qualité et de budgets gérables, Belgambu a récemment gagné un nouveau point de contact politique. La ministre Hilde Crevits a succédé à Wouter Beke à ce poste. Ce changement offre de nouvelles possibilités de négociations constructives, qui, selon Belgambu, se sont heurtées à un mur sous le précédent ministre. « Essayez de réunir toutes les parties autour de la table dès le début », conseille Slangen. « En tant que ministre, si vous entendez les différents sons de cloches en même temps, vous pourrez vraiment comprendre où se situe le problème. Vous aurez ainsi une image complète et claire de la situation actuelle et des diverses contraintes. La nouvelle ministre de la Santé a beaucoup de sujets brûlants à gérer. En donnant des orientations claires aux solutions ou aux décisions, vous contribuerez sans aucun doute à mettre les choses en marche. C’est d’ailleurs la clé du succès pour tous les types de communication. »

Arkesteyn aime représenter la réalité dans le champ des groupes d’intérêt. Belgambu est une association professionnelle reconnue qui adopte une ligne de conduite modérée dans son discours et ses actions. Un autre groupe, plus radical, menace de poursuites judiciaires et fait des promesses irréalistes à ses partisans. « Certaines personnes ne nous entendent pas parce qu’elles accordent plus de crédit aux extrêmes », observe Kenneth. Slangen renchérit : « Défendre un secteur est toujours un exercice d’équilibre difficile. Vous souhaitez défendre les intérêts de vos membres, mais vous devez aussi être conscient des contraintes de vos partenaires, sinon vous n’obtiendrez aucun résultat. Toute négociation est aussi un compromis. Les membres des organisations ont souvent l’impression qu’ils doivent à chaque fois faire l’unanimité, mais ce n’est pas réaliste. Pour moi, c’est ce qui distingue un groupe d’intérêt comme Belgambu des groupes plus radicaux. Opteriez-vous plutôt pour un coq qui se bat ou pour une poule qui pond aussi des œufs ? Cette dernière option ne vous apportera que de vrais résultats. »